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"Si on tombe sur un vrai vert..." : au Medef, le remaniement après le départ de Nicolas Hulot inquiète les patrons

Dans les allées de l'université d'été du Medef, les chefs d'entreprises se disent déçus du départ de l'ancien ministre de la Transition écologique.

Article rédigé par Célia Quilleret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Nicolas Hulot, quittant le Conseil des ministres le 3 août. (JULIEN MATTIA / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Au lendemain de la démission de Nicolas Hulot, qui pour le remplacer au ministère de la Transition écologique ? La décision risque de prendre du temps. Le premier ministre Édouard Philippe a annoncé qu'il ferait des propositions "dans les jours qui viennent" sur un remaniement. Ce départ a provoqué des réactions parfois surprenantes. Au Medef par exemple, dans les allées de l'université d'été de l'organisation patronale à Jouy-en-Josas, sur le campus d'HEC, des chefs d'entreprises se disent déçus du départ de l'ancien ministre de la Transition écologique.

Cette nouvelle est même un électrochoc pour certains patrons, qui s'inquiètent du prochain remaniement. L'inquiétude est visible dans le regard de Franck Guéraud, qui regrette déjà Nicolas Hulot. "Pour moi, c'est une très mauvaise nouvelle", réagit ce jeune patron spécialisé en intelligence artificielle. "Parce qu'il pouvait quand même avoir une influence sur le cours des choses et faire prendre conscience aux principaux décideurs de l'urgence en matière environnementale. Je pense qu'il faut que l'État impose des normes car le but des entreprises, c'est uniquement de gagner de l'argent. Il y a une urgence."

Nicolas Hulot était un fervent défenseur de l'opportunité économique. Il faut dédier les aides aux entreprises à des sujets de croissance nouvelle

Thierry Poupaud, conseiller aux entreprises sur la transition carbone

à franceinfo

Nicolas Hulot savait parler aux patrons, il était pédagogue sur les enjeux climatiques. Thierry Poupaud conseille justement les entreprises sur la transition carbone, il voit bien que les PME françaises ratent des opportunités. Cette démission tombe mal : "Aujourd'hui on fait 15 bus électriques à Paris, les Chinois en font 2 500 près de Hong Kong et ils en fabriquent 60 000 par an. Donc quels seront les bus qui circuleront demain à Stuttgart ou à Paris ? Ils seront chinois."

Fabrice Bonnifet est lui directeur du développement durable chez Bouygues. Très au courant des enjeux climatiques pour les entreprises et des raisons qui ont poussé Nicolas Hulot à la démission, il lance un appel. "J'espère que ça agira comme un électrochoc, que le gouvernement va en tenir compte et que le successeur de Hulot aura plus d'arbitrages en faveur d'une politique de transition énergétique et écologique", demande Fabrice Bonnifet.

Il y a une citation qui dit que lorsqu'on aura abattu le dernier arbre et mangé le dernier poisson, on va s'apercevoir que l'argent n'est pas comestible

Fabrice Bonnifet, directeur développement durable chez Bouygues

à franceinfo

"Il faut remettre les priorités dans le bon sens : préserver le vivant, les ressources, pour préserver le business", poursuit-t-il.

Interrogations sur le successeur de Nicolas Hulot

Mais à propos de la succession du ministre, les patrons s'interrogent. Sophie de Menthon, la présidente du réseau Ethic dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. "Ce n'était pas un extrémiste de l'écologie, donc je pense que c'était pas mal. J'étais rassurée d'avoir quelqu'un de normal. Si on tombe sur un vrai vert, genre Notre-Dame-des-Landes ou autres, c'est hors de notre champ de vision et c'est hors-sol."

Les entreprises veulent bien tenter de concilier business et écologie, mais pas question non plus de parler de décroissance. Elles veulent créer une écologie "désirable".

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