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Pourquoi le projet de Merléac peut devenir une mine de problème pour Macron

Un permis d'exploitation pour forer les sols sur 33 communes des Côtes-d'Armor provoque l'opposition d'élus locaux et de riverains. Une situation qui pourrait devenir embarrassante pour le gouvernement.

Article rédigé par Licia Meysenq
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Emmanuel Macron, en compagnie du ministre de la Transition écologique et solidaire, a donné son accord pour le forage lorsqu'il était ministre de l'Economie en 2014. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Une mine de problèmes pour Emmanuel Macron ? La société australienne Variscan Mines a obtenu un permis d'exploration pour forer le sol sur 33 communes, dont celle de Merléac, dans les Côtes-d'Armor, lorsque le nouveau président était encore ministre de l'Economie. Objectif : exploiter certaines ressources comme le zinc, le plomb ou encore l'or.

Selon les opposants, ces forages, destinés à faire de la prospection, pourraient avoir un impact sur l'environnement. Des manifestations ont eu lieu et de nombreux élus locaux ont fait part de leur opposition, ce qui a alerté le gouvernement. Franceinfo vous explique en trois points pourquoi "Merléac" pourrait devenir une mine de problèmes pour Emmanuel Macron. 

Parce qu'il y a de potentiels enjeux écologiques

Si le projet est contesté, c'est parce que ces forages pourraient avoir des conséquences sur l'environnement. Des forages d'exploitation ont déjà été menés sur le site de la Porte-aux-Moines, près de Merléac entre 1958 et 1981, mais les recherches n'ont pas abouti, car peu rentables. Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), un organisme public, avait conclu dans un rapport que ces travaux avaient eu des "conséquences notables sur l'environnement", notamment "la modification du régime des eaux souterraines", rapporte Le Monde. Le journal relève aussi que depuis l'exploitation de ces forages, plus rien ne pousse sur la butte.

Un constat que Michel Bonnemaison, le directeur général de Variscan, veut modérer. "On nous objecte qu’il ne faut pas faire d’études scientifiques en 2017 car des travaux ont été mal faits il y a cinquante ans. On est en plein obscurantisme !", explique-t-il au Monde. Pourtant, les membres du collectif Vigil'oust, des riverains opposés au projet, craignent la possible dissémination de toxiques naturels contenus dans le sous-sol, comme l’arsenic ou le cadmium."Cela aura des conséquences sur la qualité de l'eau", déplore Lucie, l'une des co-présidentes du collectif, à franceinfo. 

Parce que les riverains se mobilisent

"Au départ, on a commencé à se réunir pour rechercher des informations", avance Lucie pour expliquer la création, en 2017, du collectif Vigi'Oust. Les riverains n'avaient aucune information sur ce qui se tramait dans le périmètre. "Quand on a su de quoi il s'agissait, nous sommes passés dans l'opposition", lâche-t-elle.

Le collectif mène sa première action le 5 mars : "Nous avons fait une chaîne humaine et ni la grêle, ni le froid n'a démotivé les foules", sourit l'opposante. La mobilisation est conséquente : ils étaient entre 500 à 700 selon la gendarmerie et 1 500 selon les organisateurs à manifester contre le projet de forage dans la ville d'Uzel. 

Les membres de l'association comptent occuper les lieux "de manière pacifique" à partir du moment où les foreuses feront leur entrée sur le terrain. "On a collé des affiches pour alerter la population. Au moment où les machines apparaîtront, nous nous rassemblerons", assure Lucie. Une technique qui ressemble à celles menées sur les ZAD, comme à Notre-Dame-des-Landes. 

Pourtant, Lucie refuse le parallèle : "Ce qui s'applique à Notre-Dame-des-Landes reste uniquement applicable à Notre-Dame-des-Landes." Pour elle, l'occupation du domaine de Merléac est temporaire, afin que les forages ne commencent pas le temps que le recours de l'association en justice soit tranché. "Nous sommes surs de gagner", avance-t-elle, sans vouloir dévoiler les éléments que Vigil'Oust a transmis au juge.

Parce que Macron est directement concerné 

Qu'ils soient élus du Front national, de la France insoumise, des Républicains, du Parti communiste ou encore d'Europe Ecologie-Les Verts, six candidats aux législatives dans la 3e circonscription des Côtes-d’Armor ont mis leurs divergences de côté sur un point : ils s'opposent tous au projet de forage. Dans une lettre ouverte publiée le 1er juin dans Le Monde, ils interpellent Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire et Bruno Le Maire, ministre de l’Economie. "Malgré le vote d’un vœu à l’unanimité au conseil régional de Bretagne en juin 2014, malgré l’opposition des municipalités concernées, malgré la forte mobilisation des habitants et des agriculteurs, nous constatons aujourd’hui que ce projet avance à marche forcée dans la plus grande opacité et au mépris des règles élémentaires d’évaluation indépendante des risques environnementaux et de concertation démocratique", expliquent-ils. 

Ce dossier peut être embarrassant pour le gouvernement : c'est Emmanuel Macron qui a octroyé à l'entreprise Variscan Mines, un permis de forer lorsqu'il était ministre de l'Economie en 2014.

A la mi-mai, le député Les Républicains Marc Le Fur avait déjà adressé un courrier à Nicolas Hulot. Il indiquait que Variscan Mines n'avait pas répondu "aux questions légitimes posées par les élus, les associations et les professionnels" et n'a "pas fait les efforts indispensables de communication et de transparence attendus par la population". Le nouveau ministre de la Transition écologique lui a finalement répondu, jeudi 1er juin, qu'il "souhaitait lancer une étude indépendante", révèle France 3 Bretagne. 

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