Entretien d'Emmanuel Macron au Point : "Des accents qui rappellent ceux de sa campagne électorale", selon Bruno Cautrès
Pour le politologue Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof, l'interview d'Emmanuel Macron accordée au Point illustre une volonté "de donner du sens à certaines des décisions et mesures qui ont été les plus controversées depuis deux ou trois mois".
Alors que l'hebdomadaire Le Point publie, mercredi 30 août, un long entretien d'une vingtaine de pages avec Emmanuel Macron, le politologue Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof, estime sur franceinfo, que le président de la République renoue avec les grands thèmes et "les accents qui rappellent ceux de sa campagne électorale".
franceinfo : Emmanuel Macron a compris qu'il devait descendre dans l'arène ?
Bruno Cautrès : Silence présidentiel et hauteur de vue ne sont pas forcément antinomiques, il était surtout dans une diète de communication directe avec les journalistes pour marquer sa rupture avec François Hollande, et, là, on a une interview dans laquelle Emmanuel Macron renoue en particulier avec des thèmes fondamentaux de sa campagne électorale et de son discours depuis qu'il est rentré en politique.
Il assume tout, il n'y a aucun mea culpa de sa part ?
Non, il y a une volonté par Emmanuel Macron de donner du sens à certaines des décisions et des mesures qui ont été les plus controversées depuis deux ou trois mois, en particulier ce qui concerne les APL, le budget de la Défense, les premiers choix qui vont s'exprimer aujourd'hui avec la publication des ordonnances, donc une interview qui est à la fois très dense, qui revient sur des fondamentaux des discours d'Emmanuel Macron, avec des accents qui rappellent même ceux de sa campagne électorale, et l'idée de vouloir tracer un cap.
Dans cet entretien, il reconnaît aussi l'"impatience du peuple" mais rejette, en même temps, le bilan des cents jours, ne veut pas être jugé maintenant : n'est-ce pas un peu paradoxal ?
Clairement, il se situe hors du bilan des cents jours alors que c'est lui-même et son équipe qui avaient fixé un cap de cent jours en disant "on va transformer très rapidement", c'est un peu paradoxal. L'impatience, il doit vivre avec, et je pense que ce n'est pas forcément la publication de cette longue interview qui va lui permettre de sortir de cette impatience. Cela va surtout être, il le sait, les résultats.
L'exercice de pédagogie est-il réussi ?
On est dans un autre exercice que celui de la pédagogie pour expliquer les réformes, on est plutôt dans un exercice destiné à donner du sens, une perspective. On a des passages parfois précis sur un certain nombre de choses, mais aussi des passages qui sont des passages de très grande montée en généralités, beaucoup de lyrisme, le retour du grand récit en politique, donc on est plutôt, pour le moment, toujours dans un cadrage sur le sens de l'action et sur le retour de la tonalité de la campagne présidentielle.
Que dire du choix d'un hebdomadaire pour s'exprimer : la presse écrite, est-ce le meilleur moyen de s'adresser au plus grand nombre ?
Effectivement, cela ne touche pas toute la diversité de la population, mais, ce qu'on va chercher, dans ce type d'exercice, c'est la reprise en boucle dans plusieurs médias, notamment la télévision, qui sont les vecteurs d'information les plus courants pour les Français. Et puis il a un appel, vers la fin de l'interview : Emmanuel Macron dit "Je continue à lire des livres", donc il se pose à nouveau comme le président qui lit, qui réfléchit, d'où le recours à une longue interview dans la presse écrite.
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