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Emmanuel Macron accuse des médias anglo-saxons de "légitimer" la violence par leur traitement de la lutte contre l'islamisme radical en France

Plusieurs articles et tribunes publiés dans la presse anglophone ces dernières semaines avaient déjà provoqué la colère de l'Elysée, et certains ont été dépubliés.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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Emmanuel Macron lors d'un Conseil de défense, à l'Elysée, le 12 novembre 2020. (THIBAULT CAMUS / AFP)

Emmanuel Macron n'apprécie pas le portrait fait de la France, et de sa politique de lutte contre le terrorisme et l'islamisme radical, par les médias anglo-saxons. Il le fait savoir dans un article publié par le New York Times (et traduit en français), dimanche 15 novembre, consécutif, explique son auteur, à un appel du président de la République au quotidien américain.

"Le président français Emmanuel Macron m'a donc appelé jeudi après-midi de son bureau doré au palais de l'Elysée pour me soumettre une plainte, écrit le journaliste Ben Smith. Il a fait valoir que la presse anglo-américaine (...) a préféré dénoncer le système d'intégration français plutôt que ceux qui ont commis une série d'attaques meurtrières qui a débuté le 16 octobre avec la décapitation de Samuel Paty".

"Les fondamentaux sont perdus"

"Lorsque la France avait été attaquée il y a cinq ans, toutes les nations du monde nous avaient soutenus", rappelle le président de la République, cité par le journal. "Et quand je vois, dans ce contexte, de nombreux journaux qui je pense viennent de pays qui partagent nos valeurs (...) et qui légitiment ces violences, qui disent que le cœur du problème, c'est que la France est raciste et islamophobe, je dis : les fondamentaux sont perdus."

L'Elysée avait notamment exprimé sa colère, début novembre, au sujet d'une tribune publiée par le Financial Times. Après un appel de la présidence et des plaintes de lecteurs, le journal britannique avait dépublié le texte, intitulé "La guerre de Macron contre le séparatisme islamique ne fait qu'accroître les divisions en France", et publié une lettre de réponse du président français, rappelle le New York Times.

Selon le quotidien américain, Emmanuel Macron a été "excédé" de la "déformation de ses propos", qui s'en prenaient au "séparatisme islamiste" et non "islamique" : "J'ai horreur d'être décrit avec des mots qui ne sont pas les miens", explique le président français au journal.

Une tribune d'un sociologue français sur le site Politico Europe, qualifiant la laïcité de "dangereuse religion française", a également été dépubliée fin octobre après des critiques.

Le président "rejette la comparaison avec Trump"

"Les médias étrangers ne comprennent pas la laïcité à la française", estime Emmanuel Macron dans ses propos au New York Times. Il affirme "que les médias anglophones, et américains en particulier, cherchent à imposer leurs propres valeurs à une société différente", rapporte Ben Smith.

L'auteur de l'article explique avoir également demandé à Emmanuel Macron si son attitude envers les médias ne se rapprochait pas de celle de Donald Trump, notant que l'accusation de légitimer la violence était "une des plus graves que l'on puisse formuler" et revenait régulièrement dans la bouche du président américain.

Emmanuel Macron "a rejeté la comparaison avec M. Trump", affirme le journaliste, et a expliqué qu'il ne cherchait qu'à clarifier la position française : "Mon message est le suivant : si vous avez des questions sur la France, appelez-moi."

Un échange "courtois", selon l'Elysée

"Il n'y a pas eu de coup de sang du président", indique l'Elysée à franceinfo. "Ben Smith souhaitait parler directement à Emmanuel Macron. L'échange téléphonique a été programmé à jeudi 20 heures". Cet échange "a duré 10 minutes et a été courtois".

L'Elysée ajoute que le journaliste américain était en contact depuis plusieurs jours avec l'équipe de communication du président de la République au sujet de la rédaction de son article. "C'est lui qui nous a sollicités", indique l'entourage d'Emmanuel Macron.

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