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Des ministres de la "société civile" dans le gouvernement ? Une méthode déjà testée et pas vraiment approuvée

Le nouveau gouvernement, dévoilé mardi 16 mai, pourrait intégrer des personnalités sans parcours politique. Et ça ne sera pas le premier de la Ve République.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Biet
Radio France
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Claudie Haigneré, à l'Assemblée nationale le 10 décembre 2002, aux côtés du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin et Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur. (ERIC FEFERBERG / AFP)

Des ministres "sans étiquette" et sans expérience politique pourraient faire leur entrée dans le gouvernement d’Edouard Philippe. Emmanuel Macron en a fait l’une de ses marques de fabrique. Pendant sa campagne, il a promis un "renouveau des visages", soulignant que pendant son mandat les ministres "seront issus pour une partie conséquente de la société civile, dans toute sa diversité". Mais par le passé, les ministres issus de la "société civile" ont eu des carrières plutôt éphémères.

Une quarantaine de ministres de la "société civile" durant la Veme République

Sous la IVe République, un certain Georges Pompidou avait déjà été débauché d'une classe préparatoire du lycée Henri IV. Mais sous la Ve République, beaucoup de ces nouveaux visages échoueront. Parmi eux : Alain Bombard, Léon Schwartzenberg, Bernard Tapie, Françoise Giroud, Jean-Jacques Servan-Schreiber, Bernard Laporte.

Pour certains, l'expérience se termine rapidement : en 1974, Jean-Jacques Servan-Schreiber passera seulement treize jours au gouvernement, au poste de ministre des Réformes. Plus rapide, encore, pour le cancérologue Léon Schwartzenberg, ministre de la Santé pendant neuf jours en 1988. Record absolu partagé avec le socialiste Thomas Thévenoud, en 2014, qui avait cependant déjà une expérience politique.

2002, beaucoup de novices

Après le séisme du 21 avril 2002, Jacques Chirac impose à son Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin de s'ouvrir à la société civile. Entrent alors au gouvernement le philosophe Luc Ferry, l'industriel Francis Mer, la juriste Noëlle Lenoir ou la spationaute Claudie Haigneré. Hormis cette dernière, tous seront débarqués lors du remaniement du 30 mars 2004. Ils ne sont guère que deux à avoir su "devenir" politique : Bernard Kouchner et Simone Veil. 

Autre exemple Christine Lagarde, qui dirigeait le prestigieux cabinet d'avocat d'affaires américain Baker McKenzie avant d'intégrer les équipes gouvernementales sous Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Elle est aujourd'hui patronne du FMI, le Fonds monétaire International. 

Un challenge pour Emmanuel Macron

Emmanuel Macron peut-il réussir là où d'autres ont en partie échoué ? Un chercheur en science politique résume, "la société civile s’impose là où le système politique est en décomposition". Emmanuel Macron et sa volonté de recomposition sont obligés de s'appuyer dessus, malgré les risques de couac.

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