Ce qu'il faut attendre de la déclaration de politique générale du Premier ministre
Edouard Philippe s'exprime au lendemain du discours d'Emmanuel Macron devant le Congrès. Un vote de confiance, que le Premier ministre est déjà largement assuré de remporter, sera organisé après sa déclaration.
Au lendemain de l'intervention solennelle d'Emmanuel Macron devant le Congrès de Versailles, le Premier ministre doit prononcer, mardi 4 juillet, à 15 heures, sa déclaration de politique générale à la tribune de l'Assemblée nationale. A quoi faut-il s'attendre ? Franceinfo décline les enjeux de ce discours du Premier ministre.
La forme : un "discours de la méthode"
Edouard Philippe a expliqué qu'après le cap fixé par le président de la République, il doit décliner méthode et calendrier des réformes à venir. Un discours moins long que celui du chef de l'Etat – entre 45 minutes et 1 heure, selon les informations du service politique de franceinfo. "Le président va fixer le cap lundi. Et moi, j'expliquerai mardi comment on atteint ce cap", résumait le Premier ministre en marge du séminaire gouvernemental ce week-end à Nancy. En tout cas, l'Elysée tient à rappeler la place de chacun dans Le Figaro (article abonnés) : "Le président n'écoutera pas forcément le discours du Premier ministre, mais il l'aura bien évidemment lu avant", explique l'entourage du chef de l'Etat.
"Ça sera un discours de la méthode, un discours politique d'exécution : ce qu'on va faire, comment on peut le faire et, ce qu'a déjà largement expliqué le président, pourquoi on va le faire. C'est, même si le terme est souvent galvaudé, un discours pédagogique", avance l'entourage du chef du gouvernement, interrogé par l'AFP. Le discours d'Edouard Philippe sera "concret, volontairement terre à terre", selon son entourage, avec un langage de "vérité".
Depuis trois semaines déjà, le Premier ministre a relu toutes les allocutions de ses prédecesseurs sous la Ve République. Tous les chefs de pôle de son cabinet ont été sollicités pour l'aider dans cette tâche, ainsi que sa plume Edouard Solier et son conseiller spécial et ami Gilles Boyer – ancien directeur de campagne d'Alain Juppé lors de la primaire de la droite.
Le fond : le détail des réformes économiques
Doivent occuper une large place l'économie, le social, mais aussi les finances publiques, sujet aride rendu encore plus délicat après l'avertissement de la Cour des comptes sur la situation budgétaire au sortir du quinquennat Hollande. Pour éviter un dérapage, l'exécutif doit combler un trou de huit milliards d'euros afin de rester à son objectif de 3% de déficit.
Le Premier ministre "fixera des priorités, il crée un agenda, avec un calendrier, des chiffres et une méthode : tout n'est pas arbitré au détail près mais, en matière budgétaire, il y aura quelques pistes", explique Matignon. Pas d'annonce spectaculaire en perspective, le détail devant suivre d'ici à la fin juillet lors d'un débat budgétaire. "Mais personne ne peut dire 'moi, on ne me touche pas parce que je suis prioritaire'", prévient-on encore, quand la Défense ou encore l'Education espéraient être épargnées par le tour de vis.
Le vote de confiance : sans suspense
Si la voie s'annonce ardue sur le fond, le Premier ministre pourra en revanche avancer très sereinement vers le vote de confiance qui suivra son discours et les interventions des représentants des groupes parlementaires. Edouard Philippe est déjà assuré du soutien des 314 députés du groupe La République en marche (hors six élus nommés au gouvernement et pas encore remplacés) et des 47 députés MoDem.
Mais d'autres groupes pourraient aussi voter pour ou s'abstenir, comme les "constructifs" LR-UDI (35 députés), qui souhaitent accompagner les réformes d'Emmanuel Macron. Une poignée d'élus de gauche, comme les PS Guillaume Garot et David Habib ou le divers gauche Olivier Falorni, entendent également voter la confiance. Au total, le gouvernement Philippe pourrait donc obtenir une très large majorité, autour de 380 voix, un niveau qui n'a plus été atteint depuis les gouvernements Raffarin (374 voix en 2002 et 2004), mais qui restera loin du record du gouvernement Juppé (464 voix en 1996).
Dans l'opposition, La France insoumise, avec ses 17 membres emmenés par Jean-Luc Mélenchon, devrait voter unanimement contre, comme les 11 élus communistes du groupe Gauche démocrate et républicaine, qui siègent avec cinq ultramarins. Les huit députés FN se prononceront contre aussi. Si le groupe Les Républicains votera contre pour marquer son appartenance claire à l'opposition, quelques-uns de ses 100 députés devraient s'abstenir. Le groupe Nouvelle Gauche (ex-PS, 31 députés) choisira, mardi matin, entre "vote contre et abstention", selon leur chef de file, Olivier Faure. Mais il y aura une liberté de vote.
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