Climat : polémique après la suppression par la maire de Poitiers de subventions aux aéroclubs
La maire de Poitiers, Léonore Moncond'huy, estime que l'argent public ne doit "plus financer les sports fondés sur la consommation de ressources épuisables".
C'est une nouvelle querelle entre le gouvernement et des élus d'Europe-Ecologie-Les Verts. Le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebarri, s'est en pris, vendredi 2 avril, à la maire de Poitiers, Léonore Moncond'huy, dénonçant des "élucubrations autoritaires et moribondes". Le pilote de profession reproche à l'élue d'avoir déclaré "l'aérien, c'est triste, mais il ne doit plus faire partie des rêves d'enfants aujourd'hui" au cours d'un débat au conseil municipal du 29 mars.
Plusieurs élus, de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon, ont rejoint samedi le ministre dans son courroux.
Interdire, punir, faire payer, freiner l’innovation, vouloir détruire les filières d’excellence industrielle comme le nucléaire et l’aéronautique, s’en prendre aux rêves des enfants : voilà le vrai visage de ces "verts" qui n’ont rien d’écologiste. MLP https://t.co/z5dZ3sVBol
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) April 3, 2021
Coucou Poitiers ! Les rêves restent toujours libres. Signé Icare.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) April 3, 2021
"L'urgence climatique implique de revoir l'ensemble de notre logiciel"
À l'origine de cette passe d'armes, la décision de Léonore Moncond'huy de couper les subventions aux aéro-clubs de sa ville. Comme le raconte le site spécialisé Aerobuzz, la mairie a écrit aux présidents de deux clubs pour leur annoncer que dorénavant "la ville de Poitiers ne compte pas soutenir le sport motorisé". Ce choix a été contesté par l'opposition lors du conseil municipal. Elue sur la liste LREM d'Anthony Brottier, Isabelle Chedaneau a dénoncé le "mépris" de la mairie et défendu les associations, en mettant notamment en avant leur participation au programme "Rêve de gosse" de l'association des Chevaliers du ciel.
En réponse, la maire explique : "La question de l'urgence climatique implique de revoir l'ensemble de notre logiciel (…) Aujourd'hui, l'argent public doit envoyer un signal de responsabilité. Compte tenu du fait que ça ne menace pas la survie de l'association, nous considérons que l'argent public ne doit plus financer les sports fondés sur la consommation de ressources épuisables. C'est pour ce genre de décision que nous avons été élus." Elle poursuit : "Mettre dans la même phrase 'rêve d'enfant' et le fait de sauver des clubs aériens, je trouve que cela a quelque chose d'indécent (…) Vous ne vous rendez pas compte des rêves dont on doit préserver les enfants, l'aérien, c'est triste, mais ne doit plus faire partie des rêves d'enfants aujourd'hui".
L'impact de l'aviation sur le climat
En toile de fond, l'impact de l'aviation sur le climat. Comme tout mode de transport reposant sur la consommation de pétrole, l'avion émet des gaz à effet de serre, moteurs du réchauffement climatique. Il pèse aujourd'hui 1,9% des émissions mondiales, un chiffre qui peut paraître faible, mais qui cache de grandes disparités : comme l'expliquait le PDG de Boeing en 2017, 80% de la population mondiale n'a jamais pris l'avion.
Un autre chiffre permet de mieux prendre la mesure des débats. Dans sa Stratégie nationale bas-carbone, sa feuille de route climatique officielle, le gouvernement rappelle que, pour respecter l'accord de Paris et limiter le réchauffement climatique à 2 °C, l'empreinte carbone d'un Français doit passer de 8 tonnes équivalents CO2 à un chiffre compris entre 1,6 et 2,8 tonnes. Selon le calculateur de la Direction générale de l'aviation civile, un aller-retour Paris-New York équivaut à une tonne de CO2 par passager.
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