DSK et l'art d'être candidat sans l'être : "Bien sûr, la France me manque"
Ce qui est certain, c'est que Dominique Strauss-Kahn ne reprendra pas ce soir à son compte les mots du général de Gaulle en 1958: “Aujourd'hui, devant les épreuves qui montent de nouveau vers lui, que le pays sache que je me tiens prêt à assumer les pouvoirs de la république.”
Il ne devrait pas non plus comme l'avait fait Jacques Chirac en février 2002 répondre "oui, je suis candidat" à la question que ne manquera pas de lui poser Laurent Delahousse.
Hier soir, DSK, dans son rôle de directeur du FMI, avait botté, à nouveau, en touche:
"Aujourd'hui, je dirige le FMI et la tâche m'occupe (...) plus qu'à plein temps (...). Je n'ai rien d'autre à l'esprit". Tenu à une extrême discrétion par son mandat de directeur général du Fonds monétaire international, il redouble de créativité pour respecter ses obligations sans se fermer aucune porte.
En février dernier, alors que les études d'opinion commençaient à briller pour lui, DSK a expliqué qu'il comptait aller au bout de son mandat. Il a cependant pris le soin d'ajouter qu'il pourrait se "reposer la question" d'une candidature "dans certaines circonstances".
Début octobre, autre pirouette. Il précise être concentré sur son mandat mais ajoute : "Si les Français ne m'oublient pas, je ne les oublie pas non plus". En novembre, il dit être très attentif à la situation de la France, notamment à sa "cohésion sociale".
Le directeur général du FMI n’est pas le seul à ménager le suspense autour d'une éventuelle candidature. Nicolas Sarkozy a ainsi déclaré en novembre qu’il prendrait la décision de se présenter ou non pour un second mandat à l’Elysée à l’automne. "J’ai tellement conscience du ridicule de mon propre intérêt par rapport aux attentes des gens qui sortent à peine de la crise", a-t-il ainsi affirmé avec modestie.
Choisir le bon moment pour se déclarer
Les élections présidentielles se sont souvent accompagnées de ce type de déclaration attentiste, car même si le devoir de réserve ne s'impose pas à tous, il faut choisir le bon moment.
Ainsi en 1974, la candidature de Jacques Chaban-Delmas a étonné… par sa maladresse. L'ancien Premier ministre, lui, ne s'est pas laissé désirer, et a péché par précipitation. L’annonce de sa candidature a eu lieu au moment même où l’éloge funèbre de Georges Pompidou était prononcé à l’Assemblée, deux jours à peine après son décès. Une erreur tactique dont son opposant Valéry Giscard-d’Estaing a su habilement tirer parti.
"J'ai un travail de président, je ne suis pas candidat, j'ai pris ma décision ". Ces mots étaient ceux de François Mitterrand début mars 1988. Ce qui ne l'a pas empêché d'être élu pour un second mandat moins de deux mois plus tard.
En janvier 1995, Edouard Balladur entre en campagne face au président Chirac, candidat depuis novembre 1994. Le Premier ministre qui avait pourtant fermement nié qu’il pourrait un jour se présenter, avait plutôt fait une erreur de décor en choisissant les ors de Matignon, que de timing. Mais c'est une autre histoire.
Il y aussi ceux qui se laissent espérer avant de jeter l'éponge avant le match comme Jacques Delors en 1994. C'est la grande angoisse des partisans de DSK.
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