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Delphine Batho attaque le gouvernement : une "crise politique majeure" ?

L'ex-ministre de l'Ecologie Delphine Batho a pris la parole jeudi, deux jours après son éviction du gouvernement, pour fustiger notamment les méthodes du Premier ministre et l'influence des lobbies. Ces déclarations entraînent de nombreuses réactions, Bernard Cazeneuve le ministre du Budget dément certains propos. Jean-Louis Borloo, président de l'UDI, évoque lui l'ouverture d'une "crise politique majeure". Matignon affirme que l'éviction de Batho est "uniquement liée à ses déclarations sur son budget".
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
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Franceinfo (Franceinfo)

L'ex-ministre n'y a pas été de main morte avec son ancien gouvernement. Jeudi, deux jours après son éviction, Delphine Batho a largement mis en cause le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Parmi ses attaques, elle a assuré avoir "demandé l'arbitrage personnel de  Jean-Marc Ayrault " sur le budget de son ministère, tout en déplorant que le chef du gouvernement prenne ses décisions "sans discussion directe avec les  ministres concernés ".

Faux, a répondu quelques minutes plus tard son ex-collègue du gouvernement. Bernard Cazeneuve, ministre délégué au Budget, a assuré que Delphine Batho n'avait pas réclamé une "réunion d'arbitrage " avec le Premier ministre. "Il n'y a pas de tournant de la rigueur ", a-t-il aussi déclaré, contrairement à ce qu'elle a indiqué.

Dans la soirée, Matignon a affirmé que l'éviction de Delphine Batho était "uniquement liée à ses déclarations sur son budget ". Pour l'entourage de Jean-Marc Ayrault, "si on estime qu'on a un mauvais budget, on quitte le gouvernement ".

"Une crise politique majeure" pour Borloo

Pour le ministre de l'Agroalimentaire Guillaume Garot, Delphine Batho "critique aujourdh'ui ce qu'elle défendait hier ". Idem pour le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, qui "condamne des propos qui n'ont pas lieu d'être vis-à-vis du Premier ministre ". Le président du groupe PS au Sénat, François Rebsamen, a également jugé jeudi "pas acceptables " les déclarations de l'ancienne ministre. "Je préfère les mettre sur le compte de la fatigue, du surmenage et de la  déception, plutôt que de penser que Delphine Batho, guidée par une volonté de règlement de comptes, veuille aujourd'hui poursuivre un combat personnel  déplacé en jouant contre son camp ", a-t-il ajouté.

Jean-Louis Borloo, président de l'UDI et ancien ministre de l'Ecologie, a lui estimé que les explications de Delphine Batho ouvraient "une crise politique majeure ". Il demande donc que le Premier ministre s'exprime à ce sujet devant l'Assemblée nationale.

Et si elle disait vrai ?

Jeudi, l'ancienne ministre a également accusé le gouvernement d'avoir cédé à la pression de "certaines forces économiques ", notamment sur le gaz de schiste. "Est-il normal que le patron de l'entreprise Vallourec directement  intéressé par l'exploitation des gaz de schiste ait pu annoncer ma marginalisation des semaines à l'avance devant des responsables de son  entreprise aux USA ? " a-t-elle demandé. Jeudi soir, le patron de Vallourec a démenti avoir tenu des propos annonçant son départ.

Mais toutes ces accusations nécessitent "des réponses " du gouvernement et de François Hollande, a estimé le sénateur écologiste, Jean-Vincent Placé. "Ce qu'elle raconte des pressions des lobbies patronaux industriels  productivistes est extrêmement inquiétant ", a-t-il ajouté. Pour Corine Lepage, députée européenne, ex-ministre de l'Envrionnement, cela confirme une de ses inquiétudes. Elle craint que la France ne revienne sur ses engagements sur le gaz de schiste.

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