L’historienet linguiste Damon Mayaffre n’a pas été surpris par la prestation de NicolasSarkozy qui conserve son atout majeur : la forme offensive de sondiscours. "Nicolas Sarkozy fait des phrases en moyenne de 21 mots, trèsproches d’une forme de discussion à bâtons rompus moderne. François Hollandeavec des phrases en moyenne de 30 mots se rapproche d’une forme de discoursclassique comme De Gaulle ou François Mitterrand. Ce qui le rend moins percutant" , analyse Damon Mayaffre.Pource spécialiste du langage, c'est François Hollande qui s’est révélé sur le fond. Il a été "très offensif contre le bilan de Sarkozy, lequel était obligé de sejustifier. Ce qui est étonnant c’est que ce soit le candidat sortant qui soitobligé de prononcer une phrase comme "je ne suis pas votre élève",renvoyant Hollande dans la position du maître" , a noté le sémiologue.Pour lephilosophe Denis Colin en revanche, peu de différences entre les deux candidatsqui l’un comme l’autre présentaient par moment un discours déconnecté du réel. "NicolasSarkozy fait appel aux frontières, aux nations alors que si on regarde lapolitique qu’il a conduite notamment à travers le traité de Lisbonne c’est unepolitique qui restreint toujours plus le champ de la souveraineté nationale" ."ChezHollande aussi il y a des incohérences. Il défend un projet social démocratemais ce projet suppose un Etat relativement fort et un certain protectionnismeeuropéen. Or dans l’Europe telle qu’elle existe aujourd’hui les conditions d’unEtat fort n’existent pas" , analyse Denis Colin. Mais pour le philosophe, pointbesoin d'avoir lu Machiavel pour savoir que "la politique a toujours besoin d’unpeu de mensonge" .