De Gaulle, 40 ans après : un héritage toujours disputé
Il aura définitivement marqué l'histoire politique du XXe siècle... Pas étonnant que le 40e anniversaire de la mort de Charles de Gaulle soit autant célébré aujourd'hui. Tous, de droite comme de gauche, s'arrachent désormais son héritage politique.
Ce n'est pas pour rien que Nicolas Sarkozy sera aujourd'hui à Colombey-les-Deux-Eglises, en Haute-Marne - là-même où le général s'était retiré de la vie politique, là où il s'est éteint, là où il est inhumé. Le président renoue cette année avec une tradition abandonnée depuis 1999, à la demande de la famille.
Même la gauche n'est pas en reste. Dans son discours de rentrée, fin août à La Rochelle, Martine Aubry n'a pas hésité à enrôler le général au côté de grandes figures de gauche et de la société pour dénoncer la politique de Sarkozy à l'encontre des Roms : “Dans la France de Voltaire, de Hugo, de Zola, de Camus, dans le pays du général de Gaulle et de Pierre Mendès France, dans la nation aussi de Zidane et de Marie N'Diaye, on ne met pas impunément en circulation des notions aussi
nauséabondes”.
Jean-Pierre Chevènement, en son temps, avait revendiqué parmi les premiers des valeurs du gaullisme, comme l'indépendance nationale. Et François Mitterrand s'est glissé après son élection dans les institutions de la Ve qu'il combattait quand de Gaulle était au pouvoir.
Des idées “toujours d'actualité”
Pour autant, la question de l'héritage n'est pas vraiment tranchée, même à droite. Il y a ceux qui n'en démordent pas, à l'image du président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer : les idées du général de Gaulle “sont toujours d'actualité. Car le gaullisme se résume en deux expressions : la place
de l'homme, qui doit prévaloir constamment, et le rang de la
France, pas seulement sa puissance mais aussi sa générosité,
l'équilibre de ses positions internationales, sociales, économiques.”
Mais une partie de la majorité présidentielle estime que Nicolas Sarkozy, qui a par exemple procédé à la réintégration de la France dans la structure militaire de l'Otan - que le général avait quittée en 1966 pour protester contre l'hégémonie
américaine -, ne peut se dire gaulliste.
_ Sarkozy s'en défend. Lui qui voulait baser son mandat sur "quelques convictions fortes" tirées du gaullisme, défini comme "l'art, par la rupture, de concilier la tradition et la révolution".
Dominique de Villepin veut, lui, incarner la modernité du gaullisme. “Je ne
prétends pas défendre à moi seul cet héritage. Aujourd'hui, la pensée gaulliste
est revendiquée aussi bien à gauche qu'à droite et c'est tant mieux”, expliquait-il lors du lancement de son parti République solidaire.
D'autres formes de gaullisme
Pour le président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, il y a eu
d'autres formes de gaullisme après de Gaulle, celui de Georges Pompidou, de François Mitterrand et, naturellement, un gaullisme de Chirac... Mais il se garde bien de citer Sarkozy.
Cela dit, si le général est désormais une référence bien au-delà de son propre
camp, il ne suscite plus l'enthousiasme des Français : selon un sondage réalisé mi-juin - en pleines célébrations gaulliennes -, le gaullisme est un courant d'idées périmé pour près de trois Français sur quatre. Ils n'étaient que 27% à le considérer comme "important" et "toujours d'actualité".
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