Conférence de presse présidentielle : cinquante ans de tradition

C'est le général de Gaulle qui a
lancé l'exercice, pas très apprécié des présidents selon Laurent Joffrin, le
directeur de la rédaction du Nouvel Observateur. En octobre 1958, le président de
la République tient son premier rendez-vous. Mais sa conférence la plus célèbre
restera celle du 14 décembre 1965, lorsqu'il bondit sur sa chaise comme un cabri
en évoquant "l'Europe l'Europe, l'Europe". L'exercice reste très solennel
et se tient dans la salle des fêtes de l'Élysée où à Matignon.

Son successeur, Georges Pompidou poursuit
l'exercice aux allures de grand messe empreinte de solennité qui donne
d'ailleurs rarement lieu à des annonces. Sa conférence la plus célèbre reste
celle du 22 septembre 1969. En réponse à une question sur le suicide d'une
enseignante condamnée pour avoir eu une liaison avec une élève Georges Pompidou
cite le poète Paul Eluard : "Comprenne qui
voudra, mon remords ce fut la victime raisonnable au regard d'enfant perdu,
celle qui ressemble aux morts, qui sont morts pour être aimés". 

Valéry Giscard d'Estaing adopte un
style moins conventionnel pour se premier rendez-vous avec la presse. Le 25
juillet 1974, il se tient debout derrière un pupitre et assure "être un
traditionnaliste qui aime le changement". 

François Mitterrand n'est pas un
adepte de ces moments-là et n'y a recours qu'aux moments clés de ses mandats.
Durant l'invasion du Koweit par l'Irak et la première guerre du Golfe, il
tiendra huit conférences de presse avant de renoncer à l'exercice. 

Jacques Chirac  reprend la
tradition même si il ne goûte pas l'exercice. Il n'en tiendra que quatre en 12 ans. Lors de sa première conférence le 13 juin 1995, il annonce la
reprise des essais nucléaires à Mururoa (à partir de la 29e minute sur
la vidéo) 

Nicolas Sarkozy (2007-2012)
tient sa première grande conférence de presse à l'Élysée le 8 janvier 2008,
huit mois après son élection. Debout derrière un pupitre, il répond sur de
multiples sujets, aussi bien sociaux et internationaux que sur sa vie privée.
Il déclare notamment qu'avec Carla Bruni, "c'est du sérieux" . Il se
pliera à nouveau, à trois reprises, en 2009 et 2011, à cet exercice.