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Comment s'explique l'échec des négociations à gauche sur un accord national aux législatives ?

Le Parti socialiste, Europe écologie-Les Verts et le Front de gauche rassemblant le Parti de gauche et le Parti communiste, ne sont pas parvenus à signer un accord électoral la semaine dernière pour les législatives. Décryptage avec un spécialiste.
Article rédigé par Adrian Buffel - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
François Lamy, Martine Aubry, Jean-Luc mélenchon et Pierre Laurent (FRED DUFOUR / AFP)

Le Parti socialiste, Europe écologie-Les Verts et le Front de gauche rassemblant le Parti de gauche et le Parti communiste, ne sont pas parvenus à signer un accord électoral la semaine dernière pour les législatives. Décryptage avec un spécialiste.

Vendredi dernier, le Parti socialiste (PS), Europe écologie-Les Verts (EELV) et le Front de gauche (FG) se renvoyaient encore la faute de l'échec des négociations, lancées depuis l'après-6 mai et visant à présenter un candidat unique de la gauche dès le premier tour, dans les circonscriptions où la gauche risque d'être éliminée aux législatives par le FN ou par l'UMP.

Francetv 2012 s'est entretenu avec Romain Ducoulombier, professeur d'histoire, spécialiste du PCF et auteur de "De Lénine à Castro. Idées reçues sur un siècle de communisme".

Comment interprétez-vous l'échec des négociations de la gauche pour trouver un accord national aux législatives ?

Romain Ducoulombier. Il faut voir les motivations des partenaires. Dans les négociations, l'objectif du Parti socialiste (PS) est d'obtenir la majorité à l'Assemblée nationale, afin de disposer d'une marge de manœuvre très large, ce qui serait un évènement historique. L'enjeu est énorme pour les socialistes. Le PS ne veut donc rien lâcher.

Pour le Front de gauche (FG), la question tient à la nature même de sa structure avec un Parti de gauche (PG) allié au Parti communiste (PCF). Ce dernier a de beaux restes ancrés localement, mais n'a aucune personnalité charismatique.

Le Parti de gauche (PG), lui, veut renforcer sa présence vis-à-vis du PS, alors que Jean-Luc Mélenchon se considère comme le bénéficiaire de son score à la présidentielle (11,1% des voix au premier tour). Mais convertir un score électoral à la présidentielle en un score élevé aux législatives n'est pas évident.

Le PS a accusé le PG, qui a négocié indépendamment du PCF, d'être responsable de l'échec des négociations. Selon vous, le PG a-t-il fait une erreur politique ?

Oui, en un sens, mais c'est la rançon du succès. Aux sénatoriales, on avait eu le même psychodrame. L'inconvénient de cette stratégie, c'est que cela interdit le réflexe de bloc de gauche face à la droite.

C'est un échec moral, mais ça peut se comprendre pour tous les partenaires. Et puis, le PCF est plus sensible à la pression du PS, alors que le PG a fait de son indépendance son image de marque.

Le PCF peut-il survivre sans le PG ?

Oui, mais c'est la participation au gouvernement qui va lui poser problème. Le PCF est tiraillé entre une attraction vers le PS et, inversement, son attraction historique vers l'opposition gouvernementale. Sa participation dépend du résultat des législatives.

Le PCF n'est plus un parti de masse depuis les années 1990. Il a survécu grâce à la résilience de ses élus et à leur bonne implantation locale.

Dans la négociation, le PCF est dans une situation délicate. Le PS fait pression sur lui pour le séparer du PG. En même temps, le PCF ne peut pas laisser le PG se développer, et il espère avoir un groupe parlementaire à lui tout seul.

Pour le PG, l'enjeu est inverse. Si le PS manque la majorité au Parlement, les députés du PG seraient à la charniere des votes de toutes les lois du quinquennat. Tout dépend si le PCF arrive à créer un groupe indépendant à l'Assemblée. Dans ce cas, le PG serait affaibli car il n'aurait plus besoin de lui.

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