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Comment obtient-on les estimations de 20 heures?

Les chiffres délivrés à 20 heures sur les chaînes de télévision s'avèrent très proches des résultats définitifs. Mais attention à ne pas confondre estimations et sondages. 

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
L'estimation Ipsos au soir du 2e tour de l'élection présidentielle, le 5 mai 2002. ( AFP)

Dimanche 22 avril, 20 heures pétantes. Les derniers bureaux de vote viennent de fermer. C'est aussi le moment où chaînes de télé, radios et sites d'information délivrent leurs estimations. Et l'expérience montre que ces chiffres sont très proches des résultats définitifs. FTVi vous explique comment les instituts procèdent.

•  Ne pas confondre sondages et estimations 

A retenir une bonne fois pour toutes : l'estimation de résultats donnée à 20 heures le jour du vote n'est pas un sondage mais se base sur des bulletins déjà dépouillés. Contrairement à une idée répandue, il n'existe plus de sondage "sortie des urnes", c'est-à-dire effectué auprès d'électeurs qui quittent le bureau de vote. "Plus aucun institut n'en réalise, surtout pour une question de coût", explique un sondeur.

Le dimanche du vote, en revanche, certains instituts réalisent des sondages dits "de jour du vote", effectués comme un sondage classique. Ils peuvent être disponibles dans les rédactions dès le milieu d'après-midi. Mais attention : il s'agit toujours de sondages. Ils ne donnent donc que des tendances et ne prétendent pas prédire le résultat du vote. Ces sondages "de jour du vote", réalisés sur un échantillon plus important qu'à l'accoutumée, permettent cependant de "connaître le profil sociologique des différents électorats et les motivations de vote des électeurs, et de déterminer le profil des abstentionnistes et les raisons de l'abstention", souligne Hélène Taboury, de l'institut CSA.

• Estimations, mode d'emploi

Pour établir leurs estimations, les instituts de sondage se basent sur les résultats partiels provenant de bureaux de vote témoins. Chez Ipsos, partenaire de France Télévisions, l'échantillon est constitué de 250 bureaux répartis dans toute la France, sur les 85 000 en fonction. Dans chacun d'eux, un enquêteur est chargé de faire remonter les résultats. Evidemment, ces bureaux ne sont pas choisis au hasard. L'échantillon est construit pour être représentatif géographiquement (grandes villes, petites communes...) et politiquement (bureaux marqués à gauche, marqués à droite...).

A partir de 18 heures, heure à laquelle 75% des bureaux ferment, les enquêteurs des instituts entrent en scène. Ils font d'abord remonter les chiffres de la participation. Ils assistent ensuite au dépouillement, puis relèvent les scores obtenus par chaque candidat après les 200 premiers bulletins dépouillés.

Les chiffres ainsi relevés sont ensuite passés à la moulinette du modèle statistique construit par l'institut. Il ne s'agit pas d'une addition bête et méchante des résultats récoltés ici et là. En fait, le calcul de l'estimation repose sur les évolutions remarquées dans un même bureau de vote par rapport aux élections précédentes. "Une fois traités les résultats de 30 ou 40 bureaux, on se rend compte que l'estimation évolue peu", confie Jean-François Doridot, directeur général d'Ipsos Public Affairs. Dès 18h30-18h45, les rédactions partenaires d'instituts de sondages se retrouvent donc en possession de chiffres fiables. Ces données continuent toutefois d'être affinées jusqu'à leur publication, à 20 heures, puis tout au long de la soirée. Jusqu'à ce que le ministère de l'Intérieur proclame les résultats officiels.

• Une estimation est-elle fiable ?

Oui, à quelques dixièmes de point près. Reprenons celles diffusées à 20 heures les soirs de second tour d'élections présidentielles et comparons-les aux résultats définitifs. Systématiquement, les scores sont extrêmement proches.



Seules les estimations permettent d'approcher la réalité du vote. Les sondages réalisés le jour même ne permettent pas de tirer des conclusions définitives sur les résultats. "En 2002, les sondages du jour n'avaient pas donné la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour", rappelle Carine Marcé, directrice associée du département Stratégies d'opinion à l'institut TNS-Sofres. Tandis que les estimations diffusées à 20 heures étaient sans ambiguïté sur ce point.

Le soir de l'élection, il convient donc de prendre avec précaution les chiffres fournis par les médias étrangers avant 20 heures. Tout chiffre communiqué avant 18 heures proviendra nécessairement d'un sondage (donc peu fiable), ou pire, d'un tuyau percé.

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