Christiane Taubira veut indemniser des mineurs grévistes de 1948
La garde des Sceaux veut que le projet de loi de finances 2015 comporte une indemnisation totale de ces mineurs du Nord-Pas-de-Calais, arrêtés et licenciés après deux mois de grève en 1948.
La ministre de la Justice a demandé à Bercy d'indemniser des mineurs grévistes du grand mouvement de l'automne 1948, a annoncé la Chancellerie, vendredi 11 juillet : "Alors que prend forme le projet de loi de finances 2015, (...) Christiane Taubira souhaite que celui-ci puisse comporter une mesure permettant d'indemniser pleinement les mineurs, dits 'les grévistes de 1948', et leurs ayants droit."
A l'automne 1948, plusieurs milliers de salariés des mines du Nord-Pas-de-Calais avaient cessé le travail pour protester contre des décrets qui prévoyaient notamment la baisse de leur rémunération. Au terme de près de deux mois de grève, marqués par de très violents heurts avec les forces de l'ordre, près de 3 000 mineurs avaient été licenciés.
Des mineurs partiellement indemnisés en 2004
Plusieurs centaines d'entre eux avaient été poursuivis et condamnés, certains à des peines de prison ferme. En 1981, une loi d'amnistie avait été votée, permettant aux travailleurs licenciés pour des faits de grève et action syndicale d'obtenir réparation.
"Parmi les 3 000 grévistes, 200 d'entre eux ont subi des atteintes à leurs droits fondamentaux [de la part des autorités], avait rappelé Christiane Taubira dans un courrier adressé en mai au ministre des Finances, Michel Sapin. Injustement condamnés, les mineurs (...) n'ont été que partiellement indemnisés pour les dommages subis (licenciement abusif, expulsion du logement, discrimination à la réembauche...) par la loi de finance de 2004."
"Mettre fin à une injustice jamais réparée"
Quelque 31 mineurs et ayants droit pourraient bénéficier de cette mesure d'indemnisation, selon la Chancellerie. "Je pense qu'il serait à l'honneur de notre gouvernement de donner enfin satisfaction à des personnes qui ont conduit un combat politique de plus de soixante ans, et ainsi de mettre fin à une injustice jamais réparée auparavant", a fait valoir la garde des Sceaux.
En mars 2011, la cour d'appel de Versailles avait reconnu le caractère discriminatoire et abusif du licenciement de 17 mineurs et employés de la société publique qui gérait les sites, Charbonnages de France, et annulé ces licenciements. Elle avait condamné Charbonnages de France et l'Agence nationale pour la garantie des droits des mineurs (ANGDM) à leur verser 30 000 euros chacun. Mais la décision avait été invalidée par la Cour de cassation, en octobre 2012.
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