Chômage des jeunes : le gouvernement cherche la solution depuis 35 ans
De Raymond Barre à Jean-Marc Ayrault, les gouvernements ont tous tenté d'enrayer le chômage des jeunes. Avec plus ou moins de succès...
POLITIQUE - Cela fait trente-cinq ans que ça dure. Les gouvernements se succèdent et tentent tous d'enrayer le chômage des jeunes. De Raymond Barre à Jean-Marc Ayrault, les réponses apportées varient mais le problème persiste : le taux de chômage des moins de 25 ans reste plus élevé que celui des autres tranches d'âge. FTVi revient sur ces tentatives plus ou moins fructueuses.
1 1977 : l'acte fondateur
Le Premier ministre, Raymond Barre, lance "le premier pacte national pour l'emploi des jeunes". Plus de 4% de la population est sans emploi, selon l'Insee. Et le taux de chômage des moins de 25 ans atteint 9,2%. Celui que l'on surnomme le "meilleur économiste de France" croit avoir trouvé la parade. Il veut inciter les entreprises à embaucher des jeunes en échange d'exonérations de charges sociales. L'embellie dure quelques mois, puis le chômage repart à la hausse.
2 1984 : les premiers emplois aidés
Les socialistes sont au pouvoir, et désormais plus de 8% des Français sont au chômage. Le taux de chômage des moins de 25 ans explose à 21,3%. Le plus jeune Premier ministre de la République, Laurent Fabius, lance les TUC, les travaux d'utilité collective. Des contrats subventionnés dans les collectivités, les associations et les établissements publics. Le nom fait penser à des biscuits apéritifs, la droite ironise. Le gouvernement veut aussi miser sur la formation et y adjoint le SIVP, un stage d'initiation à la vie professionnelle.
3 1986 : des charges en moins pour les entreprises
Quelque 19% des moins de 25 ans sont sans emploi. Le gouvernement Chirac lance un plan d'urgence pour l'emploi des jeunes. En fait, de simples allègements de charges en faveur du privé.
4 1990 : les emplois aidés nouvelle version
Légère baisse du chômage puisqu'un peu plus de 15% des jeunes sont sans emploi. Michel Rocard remplace les TUC par les CES, les contrats emploi solidarité. Elargis à l'ensemble des demandeurs d'emploi, ils en conservent le principe. Ces contrats aidés s'appliquent aux collectivités locales, aux associations et aux établissement publics. Les employeurs bénéficient d'exonérations de cotisations sociales.
5 1993 : le "smic-jeunes"
Le taux de chômage franchit la barre symbolique des 10%. Celui des moins de 25 ans repart aussi à la hausse à plus de 21%. Edouard Balladur dévoile son CIP, le contrat d'insertion professionnelle. Il permet aux employeurs de ne payer les moins de 25 ans qu'à 80% du smic. Le projet provoque un tollé : des centaines de milliers d'étudiants et de lycéens manifestent. Le CIP est finalement enterré avant même d'avoir vu le jour.
6 1997 : les emplois-jeunes
Le chômage atteint 10,7%. Son plus haut historique. Un jeune de moins de 25 ans sur cinq est sans emploi. Les socialistes revisitent le TUC. Ils en font un contrat de travail de cinq ans à temps plein réservé aux services publics et aux associations. Martine Aubry, la ministre de l'Emploi et de la Solidarité de Lionel Jospin, lance les emplois-jeunes. La croissance est de retour. Le chômage repart à la baisse.
7 2002 : les contrats-jeunes
Le chômage est retombé à 7,9%, celui des plus jeunes à 16%. La droite enterre les emplois-jeunes, jugés trop coûteux. Le Premier ministre de Jacques Chirac, Jean-Pierre Raffarin y substitue le contrat jeune en entreprise. Simple dispositif d'exonérations de charges, il suscite un effet d'aubaine. Un an plus tard, naît le Civis, le Contrat d'insertion dans la vie sociale : des jeunes, porteurs de projets à vocation sociale ou humanitaire, peuvent être embauchés pour trois ans dans des associations.
8 2006 : le CPE
Le chômage est reparti à la hausse à 8,8%. De nouveau un jeune actif sur cinq est sans emploi. Dominique de Villepin crée un contrat première embauche. Ce CPE, destiné aux moins de 26 ans, s'accompagne d'exonérations de cotisations patronales pendant trois ans. Il est assorti d'une "période de consolidation" de deux ans durant laquelle l'employeur peut rompre le contrat de travail sans en donner la raison. Bronca à gauche. Etudiants et lycéens manifestent. Lycées et universités sont occupés. Le CPE est retiré.
9 2008 : "Plan Marshall" pour les banlieues
Nicolas Sarkozy et son Premier ministre François Fillon concentrent leurs efforts sur les quartiers populaires où 43% des jeunes actifs sont au chômage, avec une mesure phare : les contrats d'autonomie. Un an plus tard, en pleine crise économique, ils annoncent un "plan d'urgence" pour l'emploi des jeunes. Pendant le quinquennat, les déclarations volontaristes se multiplient. Mais en deux ans, le chômage des jeunes ne diminue que de 0,5%, et descend à 22,3%.
10 2012 : les "emplois d'avenirs"
Sur fond de nouvelle envolée du chômage, frisant désormais les 3 millions de chômeurs, le gouvernement Ayrault présente ses "emplois d'avenir". Une promesse de campagne de François Hollande. La mesure d'urgence est destinée aux jeunes non qualifiés des quartiers défavorisés. Quelque 150 000 emplois aidés de ce type devraient voir le jour d'ici 2014.
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