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Ce qu'il faut retenir de l'intervention télévisée de François Hollande

Le chef de l'Etat, dont la popularité chute dans les sondages, a tenté de reprendre la main dimanche soir, au cours d'un entretien télévisé d'une demi-heure. 

Article rédigé par Bastien Hugues, Vincent Matalon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le président de la République François Hollande sur le plateau du journal télévisé de TF1, dimanche 9 septembre à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

POLITIQUE – Mauvais sondages, accusations d'immobilisme, indicateurs économiques en berne... François Hollande le savait : son intervention télévisée, dimanche 9 septembre, était particulièrement attendue. Durant un peu moins d'une demi-heure, le chef de l'Etat s'est donc appliqué à détailler l'action du gouvernement, et à préciser ce qu'il a appelé "l'agenda du redressement". Soit un laps de temps de "deux ans pour mettre en œuvre une politique pour l'emploi, pour la compétitivité et le redressement des comptes publics"mais "un an" seulement pour "inverser la courbe du chômage".

Le style

Pour tenter de reprendre la main, François Hollande a donc adopté un style offensif, affirmant qu'il "assumera toute la responsabilité" de l'action menée par le gouvernement. "Je dois fixer le cap et donner le rythme (...) Je suis pour une présidence d'action et de mouvement, a-t-il insisté. Je considère que je suis en situation de combat. (...) Je suis en première ligne."

La phrase

"Vous me dites : il faut accélérer. J'accélère", a lancé François Hollande, visiblement soucieux de répondre à ses détracteurs et aux nombreux éditorialistes qui le décrivaient ces dernières semaines comme une personnalité hésitante et en mal d'autorité.

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Les annonces

20 milliards d'impôts en plus en 2013 pour les ménages et pour les entreprises

François Hollande a ainsi déclaré que les impôts augmenteraient l'an prochain de 10 milliards d'euros pour les ménages, "notamment les plus favorisés", et de 10 milliards d'euros pour les entreprises, pour boucler le budget de l'Etat. 

Pour cela, le président de la République a en outre précisé qu'il maintiendrait le gel du barème de l'impôt sur le revenu, sauf pour les deux premières tranches (soit toutes les personnes dont le revenu fiscal est inférieur à 11 896 euros par an). En avril, François Hollande promettait pourtant de revenir unilatéralement sur le gel du barème de l'impôt sur le revenu, jugeant que "c'est ce qu'il y a de plus injuste".

En France, plus les revenus sont élevés, plus leur taux d'imposition est élevé : de 0 à 5 693 euros, les revenus ne sont pas imposés. De 5 963 à 11 896 euros, ils sont taxés à 5,5%. De 11 896 euros à 26 420 euros, ils le sont à 14%, etc. Mais ces montants évoluent chaque année en fonction de l'inflation, pour que les salariés dont les revenus ont été revalorisés en fonction de la hausse des prix ne soient pas pénalisés. Ainsi, un ménage dont les revenus suivent le rythme de l'inflation paye le même montant chaque année. A l'inverse, lorsque le barème est gelé, comme c'est le cas depuis 2011, une hausse de revenus peut conduire un ménage à basculer dans une tranche d'impôt supérieure. 

Le chef de l'Etat a également prévenu que dix milliards d'euros supplémentaires seraient dégagés par des économies budgétaires qui toucheront tous les postes de dépense publique, à l'exception de trois ministères : l'éducation, la sécurité et la justice.

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La prévision de croissance pour 2013 ramenée à 0,8%

Ce total de 30 milliards d'euros se révèle d'autant plus nécessaire que François Hollande a annoncé que la prévision de croissance pour 2013 était à nouveau revue à la baisse. Lui qui la fixait à 1,75% au cours de sa campagne, et qui l'avait ramenée à 1,2% en juillet, table désormais sur 0,8%. Et pour 2012, la croissance devrait être "à peine supérieure à zéro", a estimé François Hollande alors que le gouvernement tablait jusqu'à présent sur 0,3%.

Un chiffre très important, dans la mesure où chaque dixième de point de croissance en moins, c'est un milliard d'euros que l'Etat doit trouver ailleurs. Autrement dit : plus la prévision de croissance sera revue à la baisse, plus il lui faudra augmenter les impôts ou tailler dans les dépenses pour réussir à ramener le déficit sous la barre des 3%, comme Bruxelles le réclame et comme François Hollande s'y est engagé pendant la campagne.

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La taxe de 75% sur les plus hauts revenus confirmée

Sur la question de la taxation à 75% des très hauts revenus, François Hollande a joué la carte de la fermeté. Alors que la presse évoquait depuis plusieurs jours une reculade sur cette promesse de campagne, le chef de l'Etat a affirmé qu'elle toucherait "toutes les rémunérations" supérieures à un million d'euros par an, sans exception. Une manière d’indiquer que les artistes ou encore les footballeurs seraient aussi concernés.

Cette taxation ne sera toutefois pas faite pour durer, puisque François Hollande a indiqué qu'elle prendrait place dans l'"agenda du redressement" de deux ans qu'il a fixé.

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Les heures supplémentaires resteront exonérées dans les entreprises de moins de 20 salariés

Enfin, au sujet de la décision controversée de revenir sur la défiscalisation des heures supplémentaires, le chef de l’Etat a concentré son discours sur les petites entreprises. Il a ainsi affirmé que les exonérations de cotisations sociales seraient maintenues dans les entreprises de moins de vingt salariés. 

La proportion des Français concernés par cette exonération n'est pas négligeable : en effet, l'Insee indiquait qu'en 2006, 37 % des salariés étaient employés dans des très petites entreprises (de 0 à 19 salariés).

Rien de neuf en revanche pour les salariés d’entreprises plus grandes, pour qui les heures supplémentaires seront taxées.

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Reste désormais à savoir si cette intervention et ces annonces auront convaincu l'opinion publique. Une question à laquelle les sondeurs s'empresseront de répondre dans les tout prochains jours.

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