S'agit-il d'un changement dereligion du gouvernement ? À son arrivée à Bercy, juste après la démission de Jérôme Cahuzac empêtré dans ses mensonges fiscaux, BernardCazeneuve avait écarté toute amnistie fiscale ou toute régularisation de ceuxqui ont fraudé le fisc en ouvrant un compte à l'étranger. "Il n'y aurapas de cellules de régularisation qui appliqueront un droit fiscal dérogatoireà l'égard de ceux qui ont accompli des fraudes fiscales et qui souhaitentrentrer en France, cela n'existera plus", affirmait alors le ministre duBudget.Mais cela, c'était avant. Avant deréaliser que les efforts menés en 2012 par le gouvernement contre la fraude fiscale ontpermis de relocaliser deux milliards d'euros d'impôts de plus que prévu."Les cellules de dégrisement opaque appartiennent au passé" (Bernard Cazeneuve)Changement de discours vendredimatin. Après la posture tenue au lendemain de l'affaire Cahuzac, le même Bernard Cazeneuve annonce réfléchir "des procédures quipermettent (à des contribuables) de venir devant l'administrationfiscale pour régulariser leur situation, acquitter dans les conditions detransparence et de droit commun qui doivent s'imposer les pénalités qui leursont imputables". Tout en écartant "les cellules dedégrisement opaques (qui) appartiennent au passé."Interrogé ce vendredi sur France Info, l'ancien ministre du Budget Éric Woerth a constaté que cette idée, une première fois mise en place alors qu'il était ministre, est une "bonne formule, et monsieur Cazeneuve le voit bien, puisqu'il souhaite faire renaître cette vision républicaine, transparente et très efficace de lutte contre l'évasion fiscale ". Tout en écartant l'amnistie : "Ca ne veut pas dire qu'ils vont payer moins. Mais en même temps, il faut donner la possibilité de revenir, parce que l'on a besoin de cet argent ", a déclaré l'ancien ministre.Un euro sur cinq échapperait à l'impôtSelon un rapport du syndicatSolidaires-Finances publiques publié en janvier dernier, la fraude fiscaleatteindrait entre 60 et 80 milliards d'euros, hors les pénalités que le fiscréclamerait aux contrevenants. Soit un euro sur cinq qui échapperait à l'impôt. À l'échelle européenne, l'évasion fiscale estestimée à 1.000 milliards d'euros.En 2011 (derniers chiffres disponibles), les contrôles fiscaux ont permis auTrésor public de récupérer près de 13,5 milliards d'euros de droits nets,auxquels se sont ajoutés près de 3 milliards d'euros de pénalités, souligne lerapport.