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Cahuzac-Mediapart : quand la droite soutient un ministre socialiste

Mardi, Mediapart accuse dans un article le ministre du Budget d'avoir possédé un compte non déclaré en Suisse, jusqu'en 2010. Jérôme Cahuzac nie avec force et porte plainte pour diffamation contre le site Internet. Loin de condamner le ministre du Budget, la droite le soutient et attaque Mediapart.
Article rédigé par Rémi Ink
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Le ciel s'assombrit au-dessus de la tête du ministre du Budget. Pourtant, sur sa droite, en lieu et place des nuages attendus, Jérôme Cahuzac a vu poindre un coin de ciel bleu.

Le site Internet
Mediapart affirme depuis mardi que le ministre du Budget a détenu un compte non déclaré en Suisse et publie un
enregistrement téléphonique présenté comme un "aveu ". Le ministre du
Budget nie depuis le départ et a porté plainte pour diffamation contre Mediapart.

Après sa réponse
à l'Assemblée nationale mercredi, point de brouhaha ou de huées mais bien des
applaudissements, d'une vingtaine de députés UMP. Objectif du parti de l'opposition : montrer
un visage uni (pour changer) et ne pas faire comme le PS durant le quinquennat
Sarkozy.

Soutien à Cahuzac et haro sur Mediapart

Jean-François Copé a montré l'exemple et sorti les armes.. mais elles n'étaient pas destinées au
ministre du Budget. Il a exprimé une "estime
personnelle
" pour le ministre, rappelant "la présomption d'innocence ".

"Chacun s'accorde à dire
que c'est un ministre doté, dans son domaine de compétences, d'une réelle
solidité." (Jean-François Copé)

Jean-François Copé semble
avoir donné ses consignes : taper sur Mediapart. Consignes bien comprises par Marc Le Fur, député UMP des Côtes-d'Armor : "Je n'ai
aucune raison de mettre en cause ni son honneur, ni son honnêteté et en tout
cas, je ne puise pas mes informations chez Mediapart, qui est surtout
spécialisé dans le caniveau
".

Sur
Twitter, cette double stratégie (soutenir Jérôme Cahuzac et taper sur Mediapart) se retrouve sur beaucoup de comptes de figures
de l'UMP. 

Lionnel
Luca, député UMP des Alpes-Maritimes.

Guillaume
Larrivé, député UMP de l'Yonne. 

Et même côté Fillon,
c'est la même stratégie : défendre le ministre, attaquer Mediapart. Dominique Bussereau, député R-UMP de Charente-Maritime.

Les précédents Sarkozy et
Woerth

La droite et l'UMP
connaissent bien Mediapart. C'est ce site Internet qui a révélé au grand public
beaucoup d'éléments sur Nicolas Sarkozy ou Eric Woerth dans l'affaire
Bettencourt. Nicolas Sarkozy a été récemment placé sous le statut de
"témoin assisté" par les juges de Bordeaux chargés de l'enquête.

Henri
Guaino a d'ailleurs rappelé que Mediapart "s'embrouillait parfois " et
a dit refuser de "faire ce qu'ont fait les socialistes pendant cinq
ans
" avec les accusations lancées par le site de Nicolas Sarkozy.

Outre la soutien à Jérome Cahuzac, l'UMP a aussi à coeur depuis mardi de montrer que le parti ne fait pas comme le PS pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. "Je
n'instrumentalise pas les rumeurs
", explique pour sa part Valérie Pécresse.
Avant de préciser qu'elle aurait "aimé que Jérôme Cahuzac fasse
preuve de la même retenue
" quand "Mediapart s'en prenait à l'ancien
ministre UMP du Budget Éric Woerth
."

Un temps mort dans la guerre Copé/Fillon

S'il y a un avantage à l'affaire Cahuzac/Mediapart, c'est bien aussi l'occasion pour fillonistes et copéistes de faire une pause dans la guerre fratricide qui secoue le parti depuis plus de deux trop longues semaines le temps d'une offensive contre le site Internet Mediapart.

Un site Internet qui leur a fait tant de mal. Quitte à se draper dignement dans
un soutien franc au ministre du Budget.

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