Bayrou, candidat d'un centre en miettes
Bayrou qui peine à décoller dans les sondages, Morin qui n'enthousiasme pas les foules, Borloo sorti de course, Villepin inexistant... En 2012, la balle ne sera visiblement pas au centre.
Quel poids le centre aura-t-il en 2012 ? Loin du score obtenu par François Bayrou à la présidentielle 2007, ses représentants peinent aujourd'hui à totaliser 10 % des intentions de vote dans les différentes enquêtes d'opinion.
Alors que François Bayrou a confirmé sa candidature jeudi 24 novembre et qu'Hervé Morin doit lui emboîter le pas dimanche, le centre apparaît morcelé et, surtout, ne semble pas en mesure d'impulser une dynamique alternative à l'UMP et au PS.
• Bayrou très loin de son score de 2007
A 60 ans, François Bayrou se lance dans sa troisième bataille présidentielle consécutive. D'après Le Figaro, il peaufine son équipe de campagne, composée d'une trentaine de personnalités.
Mais dans les sondages, le président du mouvement démocratique (MoDem) recueille entre 6 et 8 % des intentions de vote. Des chiffres qui le placent plus près de son résultat de 2002 (6,84 %) que de celui de 2007 (18,57 %). Lui reste convaincu qu'il parviendra à emporter l'adhésion "des déçus de Sarkozy et ceux qui sont sceptiques face aux réponses du PS", pour former "une majorité centrale".
• Morin peu soutenu par ses collègues du Nouveau Centre
Vexé d'avoir été évincé du gouvernement en novembre 2010, Hervé Morin aimerait prendre sa revanche et donnait un peu plus de poids au parti qu'il préside, le Nouveau Centre. D'autant que le retrait de la course à la présidentielle de Jean-Louis Borloo, crédité de 7 % des intentions de vote début octobre, aurait pu lui bénéficier. Las ! L'ancien ministre de la Défense n'est jamais cité par plus de 1 % des sondés.
Pas de quoi susciter l'enthousiasme de ses collègues du Nouveau Centre. "0 % pour un fromage, c’est bon pour la santé. Mais dans un sondage présidentiel, c’est inquiétant !", raille le député Jean-Christophe Lagarde. "Il est peu probable que sa candidature aille bien loin", craint un autre député, pariant sur un ralliement à Nicolas Sarkozy fin janvier ou début février.
D'autant que le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé a d'ores et déjà prévenu que son parti investirait aux législatives des candidats face à tous les Nouveau Centre qui soutiendraient Hervé Morin. "C'est un diktat indécent !", fulmine le député Francis Hillmeyer, pourtant sceptique sur la candidature de son ami. Mais la menace de représailles fonctionne. Sur les 24 députés et 12 sénateurs que compte le Nouveau Centre, très peu tiennent à affirmer publiquement leur soutien à Hervé Morin.
• Villepin inexistant dans les médias
Pendant des mois, il n'a eu de cesse de brocarder son rival Nicolas Sarkozy avec la plus grande fermeté. Depuis quelques semaines, le lexique et le ton employés ont changé : Dominique de Villepin, qui a fait face à une longue série de défections dans son entourage ces derniers mois, appelle désormais à "l'union nationale" autour d'un "centre courageux".
Toujours est-il que pendant que ses concurrents arpentent la France en quête de soutiens, lui reste dans l'ombre. Seuls de rares passages télé et radio comblent le vide de son agenda. Début septembre, l'ancien Premier ministre qualifiait de "très très vraisemblable" sa candidature à la présidentielle. Aujourd'hui, ses proches sont unanimes : elle est "très très improbable".
• Borloo prépare son ralliement à Sarkozy
Jean-Louis Borloo a été le premier à jeter l'éponge pour la présidentielle, début octobre. Un mois et demi plus tôt, le même lançait pourtant : "Bon sang de bonsoir, plus j'avance, plus je me dis que ça risque d'être une nécessité."
Depuis son retrait, l'ancien ministre valoisien s'est consacré à l'écriture et à la relecture de Libre et engagé, son autobiographie qui doit paraître le 2 décembre chez Plon. Ce devrait être pour lui l'occasion d'émettre peu à peu quelques propositions, que Nicolas Sarkozy pourrait reprendre une fois entré en campagne. Une manière, pour l'ancien ministre de l'Ecologie, de rentrer au bercail par le haut. A l'UMP comme à l'Elysée, les portes lui sont en tout cas grandes ouvertes : "Si Jean-Louis veut rejoindre la campagne, la réponse sera bien sûr positive. On aura besoin de lui. Il est précieux et son retrait n’a rien changé à la qualité de l’individu", dit-on au Château, selon Le Parisien.
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