La délinquance est "plus intense" dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville qu'ailleurs, selon une étude du ministère de l'Intérieur
D'après le dernier bulletin du service statistique en charge de la sécurité intérieure (SSMSI), ces quartiers pauvres font notamment face à une surreprésentation des mises en cause pour "vols violents avec ou sans arme".
La délinquance est "plus intense" dans les "quartiers prioritaires de la politique de la ville" qu'ailleurs et les habitants de ces quartiers sont surreprésentés parmi les personnes "mises en cause" par la police et les gendarmes, indique mardi 8 décembre le service statistique en charge de la sécurité intérieure (SSMSI), dans son bulletin* de décembre 2020.
Définis sur des critères de pauvreté monétaire, les quartiers de la politique de la ville font face à une délinquance en moyenne plus intense qu’ailleurs, pour la plupart de ses formes.
service statistique de la sécurité intérieure
D'après l'enquête Cadre de vie et sécurité portant sur la période 2015-2017, ce phénomène est "particulièrement marqué pour les violences sexuelles ou physiques, les actes de vandalisme ou les vols concernant les véhicules".
Un sentiment d'insécurité plus marqué
Les habitants de ces quartiers déclarent 2,3 fois plus de "violences sexuelles hors ménage" que les habitants d'autres secteurs. Ils se disent également deux fois plus victimes de "vols ou tentative de vol de voiture", de "vandalisme contre leur voiture" ou de "vandalisme conte leur logement" que les personnes habitant hors de ces quartiers, pointe le service statistique. En revanche, ces habitants ne semblent pas davantage victimes d’escroqueries ou d’injures que les autres.
Les personnes résidant dans un quartier prioritaire "déclarent des peurs et des opinions particulièrement négatives à l’égard de l’insécurité", souligne également le bulletin. Interrogés sur la fréquence à laquelle ils se sentent en insécurité dans leur quartier, 26% des personnes vivant en QPV répondent "Oui souvent" ou "Oui de temps en temps" alors que cette proportion tombe à 10 % chez les personnes vivant ailleurs. Les habitants des quartiers "politique de la ville" déclarent 2,6 fois plus fréquemment se sentir en insécurité que les autres. La proportion de personnes déclarant renoncer "souvent" ou "parfois" à sortir seules de chez elles est quasiment deux fois plus élevée dans ces quartiers.
Une surreprésentation des mises en cause pour "vols violents avec et sans arme"
Le service statistique de la place Beauvau souligne par ailleurs que "les habitants des QPV sont surreprésentés parmi les personnes mises en cause par les services de police et de gendarmerie", sur la période 2018-2019. "Le nombre de personnes mises en cause rapporté au nombre d’habitants y est systématiquement plus élevé que dans le reste du territoire pour les atteintes aux biens et aux personnes, indique l'étude. Cette surreprésentation est particulièrement nette concernant les vols violents avec et sans arme" où le ratio est près de quatre fois supérieur à la moyenne nationale. Le phénomène est marqué aussi pour les vols de véhicules, les homicides, les cambriolages, les coups et blessures volontaires et les vols simples, avec des "ratios de mis en cause" 2 à 2,8 fois plus élevé qu’ailleurs.
Le SSMI souligne toutefois que ce taux de personnes "mises en cause" est un "indicateur conceptuellement complexe". Par exemple, une personne est considérée comme "mise en cause" lorsqu'elle est "soupçonnée à un moment donné d’avoir participé à la commission d’une infraction", mais n'est pas nécessairement coupable.
*Cette synthèse a été réalisée par le SSMSI, le service statistique en charge de la sécurité intérieure au ministère de l'Intérieur. Il a pour "mission de produire et de mettre à disposition du grand public des statistiques et des analyses sur la sécurité intérieure et la délinquance".
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