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Covid-19 : "Les villes et quartiers populaires restent un angle mort du plan de relance" : une centaine d'élus lance un "appel au secours" à Emmanuel Macron

Les signataires demandent que 1% des 100 milliards du plan de lutte contre les conséquences économiques du coronavirus soit investi pour les "territoires en décrochage".

Article rédigé par franceinfo
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Une distribution d'aide alimentaire des "Restos du Coeur" à Paris, le 13 octobre 2020. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Plus d'une centaine de maires, présidents d'agglomérations et responsables d'associations, "représentant près de 10 millions d'habitants", publient samedi 14 novembre une lettre ouverte à Emmanuel Macron pour réclamer "l'égalité républicaine des quartiers prioritaires". Dans le texte que franceinfo a pu consulter ce vendredi, les signataires* réclament 1% des 100 milliards du plan de relance dévoilé en septembre pour lutter contre les conséquences économiques de l'épidémie de Covid-19, pour les "territoires en décrochage".

Le "virus du décrochage de la République"

Trois ans après le discours de Tourcoing et l'annonce d'un "plan de mobilisation nationale" pour les quartiers populaires, élus communistes, socialistes, républicains et certains soutenus par La République en Marche lors des élections municipales, en association avec l'Agence des quartiers, interpellent le président de la République. Ils estiment qu'aujourd'hui "un autre virus se développe dans nos quartiers et même au-delà : celui du décrochage de la République", et ce à cause de "l'immobilisme" de l'État".

"En dépit des alertes, les villes et quartiers populaires restent un angle mort du plan de relance", regrettent les signataires, élus et responsables d'associations. "Il est crucial que [le] plan de 100 milliards d'euros consacre et sanctuarise 1% pour les territoires en décrochage", réclame la centaine de signataires, pour permettre "d'abonder prioritairement un fond d'urgence pour les associations", de créer "des comités locaux de solidarité" ou encore "7 000 postes aidés 'médiation et tranquillité publique'"

"Une bombe à retardement"

À l'issue de l'annonce de son plan en 2017, le chef de l'État avait demandé à l'ancien ministre de la Ville, Jean-Louis Borloo, de rédiger un rapport. Intitulé "Vivre ensemble, vivre en grand. Pour une réconciliation nationale", le texte préconisait alors "48 mesures destinées à recréer une cohésion urbaine, sociale et républicaine". "Trois ans plus tard, seules quelques mesures [...] ont pu être engagées", regrettent les signataires de la lettre ouverte, soulignant que "partout sur le terrain, les signaux sont au rouge". Les élus rappellent notamment, chiffres à l'appui, que "les demandes d'aide alimentaire d'urgence explosent", pendant que "la demande de RSA progresse massivement" et que "le chômage augmente".

>> "L'hiver va être dur pour beaucoup de familles" : avec le confinement, les associations d'aide alimentaire déjà dépassées par la demande.

"Tout est sur la table du président de la République. Il ne faudra pas s'étonner si l'aggravation des fractures dans ces quartiers entraîne un recul républicain. Si les professionnels perdent la main sur ces sujets, d'autres la prendront. C'est une bombe à retardement et il n'y a pas de plan B", prévient Guillaume Villemot, président de l'Agence des quartiers.

*Parmi les 101 maires signataires du courrier adressé à Emmanuel Macron, on retrouve le président des maires de France François Baroin (Troyes), Johanna Rolland (Nantes), Guillaume Delbar (Roubaix), Frédéric Leturque (Arras), Patrice Bessac (Montreuil), Olivier Gacquerre (Béthune) ou encore Laurent Marcangeli (Ajaccio).

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