Avec une absence de diversité et peu de jeunes, quelle France reflètent les candidats à l'Elysée ?
Quelle France reflètent les dix candidats qualifiés pour l'élection présidentielle ? Une France plutôt masculine, quinquagénaire, peu ouverte à la diversité... malgré quelques bémols à cette apparente homogénéité.
Interrogée dimanche 18 mars, à Europe 1, sur l'échec supposé de la candidature Joly, Cécile Duflot avait insisté sur la singularité de l'ancienne juge financière : "oui, Eva Joly n'est pas un homme de 60 ans transpirant derrière des drapeaux français".
Bien vu. Quelle France représentent les dix candidats qualifiés pour le premier tour de la présidentielle, Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, Nicolas Sarkozy, François Bayrou, François Hollande, Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou, Nathalie Arthaud et Jacques Cheminade ?
Celle des dirigeants : majoritairement masculine, née dans les années du baby-boom et ne laissant guère de place à la diversité.
Comme en 2007, un tiers des candidats sont des candidates. Mais contrairement à 2007, les sondages ne donnent pour l'instant aucune chance à l'une d'elles de se qualifier au second tour. Radiographie sociologique de cet échantillon, plus représentatif de la France au pouvoir que de la France telle qu'elle est.
Une France du baby-boom, quinquagénaire ou plus
Quel âge ont les candidats ? La benjamine, Nathalie Arthaud, née en 1970, a fêté ses 42 ans aux premiers bourgeons, le 23 février. Quarantenaires également, Marine Le Pen (43 ans, née en ...1968) et Philippe Poutou (45 ans).
Mais la moitié des impétrants est née dans les années 50 et 60, celles du baby-boom : Nicolas Dupont-Aignan (51 ans), Nicolas Sarkozy et François Hollande (57 ans tous les deux), François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon (61 ans l'un et l'autre), Eva Joly (68 ans) et le doyen Jacques Cheminade (70 ans) .
Moyenne d'âge : 55,5 ans. A peu près comme en 2007 (54 ans). Ce qui est tout de même très supérieur à l'âge moyen de la population française : 40,4 ans en 2012.
Plus d'un tiers né en région parisienne, un tiers en province, et trois à l'étranger
Le lieu de naissance est-il significatif ? Flirtons avec les clichés : trois candidats -tous de droite - sont nés à Paris (Nicolas Dupont-Aignan et Sarkozy) ou Neuilly (Marine Le Pen), où se concentrent l'argent et le pouvoir.
L'ouvrier d'extrême-gauche Philippe Poutou, lui, a vu le jour dans le département plus populaire de Seine-Saint-Denis.
Trois à peine sont nés en province, cette supposée "France silencieuse" volontiers flattée par l'UMP : le béarnais François Bayrou, à Bordères (Pyrénées-Atlantiques), Francois Hollande à Rouen (Seine-Maritime) et Nathalie Arthaud à Peyrins (Drôme) .
Et, surprise, près d'un tiers, à l'étranger : le "pied-noir" revendiqué Jean-Luc Mélenchon, fils de Français d'Algérie, à Tanger (Maroc). Le mystérieux Jacques Cheminade à Buenos-Aires (Argentine). La franco-norvégienne Eva Joly à Oslo (Norvège).
Moquée, à droite, pour son accent, la candidate a répliqué par un clip sur une France avec tous les accents du monde. Dans une campagne résolument tricolore, a-t-elle été entendue ?
Diplômés, voire surdiplômés...et en majorité, fonctionnaires
Neuf candidats à l'Elysée sur dix (la seule exception est Philippe Poutou) sont diplômés du supérieur. Etudes de droit et Capa (l'examen du barreau) pour les avocats Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. Etudes de droit également pour Eva Joly, devenue, elle, magistrate.
Trois sont ou ont été enseignants : l'agrégé de lettres classiques, François Bayrou, l'agrégée d'économie et de gestion Nathalie Arthaud, et le licencié en philosophie Jean-Luc Mélenchon, qui a enseigné dans un lycée professionnel du Jura.
Un tiers est issu de l'élite des grandes écoles puisque trois énarques sont qualifiés pour le premier tour : Nicolas Dupont-Aignan, François Hollande et Jacques Cheminade. Décidément brillants, les deux derniers sont également diplômés d'HEC.
Si le candidat PS est élu, la prestigieuse école de commerce pourra s'enorgueillir d'avoir, pour la première fois, un de ses anciens à l'Elysée. Un tournant, après l'ère des grandes écoles d'Etat (Normale Sup avec Pompidou, Polytechnique avec Giscard, l'Ena avec Chirac ...) ?
Au total, donc, sept fonctionnaires (dont trois de la haute fonction publique), deux avocats et un ouvrier, Philippe Poutou, seul représentant du monde de l'entreprise. Et seul à ne pas en parler abstraitement.
Parité : pas mieux qu'en 2007
Sur dix candidats, trois femmes sont en piste pour le premier tour de la présidentielle : Marine Le Pen (FN), Eva Joly (EELV) et Nathalie Arthaud (LO). Une proportion identique à celle de 2007.
Quatre femmes (sur 12 candidats) étaient alors en lice, toutes à gauche : outre Ségolène Royal (PS), qui a accédé au second tour, Marie-George Buffet (PCF), Dominique Voynet (Les Verts), Arlette Laguiller (LO).
Des candidats neufs
Si Nicolas Sarkozy brigue sa réélection et que François Bayrou tente une troisième fois sa chance (après 2002 et 2007), cette élection est pleine de candidats neufs : huit sur dix se présentent pour la première fois. Et certains - Nathalie Arthaud, Philippe Poutou- étaient totalement inconnus avant cette campagne.
En 2007, les têtes d'affiche quinquagénaires- Royal et Sarkozy - apparaissaient comme le signe d'une nouvelle ère, après les présidences Mitterrand et Chirac, septuagénaires à leur départ de l'Elysée. Mais sur les 12 candidats de cette présidentielle, cinq s'étaient déjà présentés : Jean-Marie Le Pen (FN) pour la 4e fois, Arlette Laguiller (LO) pour la 6e fois, François Bayrou (Modem), Philippe de Villiers (MPF) et Dominique Voynet (Verts) pour la seconde fois.
Paysage neuf, donc en 2012. Un prélude aux idées neuves...pour 2017 ?
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