Avec la multiplication des suppressions d'emplois, le social va-t-il s'inviter dans la campagne ?
PSA, Sea France, BNP ou Société Générale... Les annonces de suppressions d'emplois se multiplient dans un contexte de réduction de la croissance et de hausse du chômage. Résultat, le thème du social pourrait faire son retour dans la campagne.
Mardi le groupe automobile annonçait la suppression de plus de 5.000 postes en France ; mardi toujours, la Société Générale rendait publque la suppression de "centaines d'emplois en France" et envisageait de prendre des mesures d'austérité salariale, évoquant des "efforts collectifs nécessaires". Mercredi, c'était au tour de la BNP d'annoncer 373 réductions de postes.
Mercredi toujours, le tribunal de commerce a prononcé la liquidation judiciaire de la compagnie française de ferries en Manche SeaFrance qui emploie 880 salariés CDI et 200 CDD.
La classe politique a réagi aux annonces du groupe PSA. le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a affirmé: "je ne veux pas que l'emploi soit la première variable d'ajustement." Marie-George Buffet, députée communiste de Seine-Saint-Denis, a estimé qu' "en confirmant sa volonté de supprimer 6.000 emplois dans le groupe dont une partie importante dans la recherche et le développement, la direction [du constructeur automobile] poursuit la dérive financière de ses choix et hypothèque gravement l'avenir".
Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche à la présidentielle de 2012, a lié pour sa part les suppressions de postes à l'abaissement, fin octobre par Moody's, de la perspective de notation de la dette de PSA à négative, laissant augurer un possible déclassement. "La finance commande les gouvernements et les entreprises", a estimé Jean-Luc Mélenchon. "Les agences de notation sont leurs chiens de garde. Il est temps de rassurer les productifs en empêchant les financiers de continuer à nuire", a-t-il ajouté.
Marine Le Pen a aussi réagi en affirmant qu'"à l'instar de Renault qui a déjà procédé à de vastes plans de délocalisations, la direction de Peugeot Citroën, guidée par la seule logique de l'ultralibéralisme et la recherche effrénée du profit sur le dos des salariés, applique à la lettre les dogmes dévastateurs de la mondialisation".
"Ce saccage social illustre une fois encore l'échec dramatique de Nicolas Sarkozy qui en 2009 avait accordé 6 milliards d'euros au secteur automobile français sans aucune contrepartie concernant le maintien des activités en France", a-t-elle ajouté.
Remontée du chômage
La multiplication ces derniers jours des annonces de gros plans sociaux s'inscrit dans un climat économique morose qui se traduit sur le plan social par une forte remontée du chômage, selon les chiffres officiels. En septembre dernier, le chômage avait augmenté de t 1,0% par rapport à août qui avait vu une stagnation du nombre de demandeurs d'emploi, après les légers reculs de juin et juillet. Le nombre de demandeurs d'emploi, 2,780 millions de personnes, est au plus haut depuis janvier 2000.
Côté syndicat, le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault a déclaré : "on entre dans une phase de récession, c'est tout à fait clair.
Mathieu Plane, économiste à l'OFCE, estime qu'il s'agit d'une "situation assez dramatique. On n'est absolument pas dans un retournement de tendance du marché de travail avec une perspective d'amélioration". Selon lui, "avec une croissance anémique, le taux chômage devrait progresser à 9,3% fin 2011, et à 9,7% fin 2012", contre 9,2% au deuxième trimestre.
Preuve de cette absence de "perspective d'amélioration", à peine 7.400 postes ont été créés entre juillet et septembre dans les secteurs marchands non-agricoles, après 78.300 au premier trimestre puis 33.000 au deuxième, selon les estimations de l'Institut national de la statistique et des études économiques publiées mardi.
"Les signaux du côté du marché du travail suggèrent que la dynamique va probablement encore s'infléchir et que le point haut d'amélioration est dernière nous", a commenté Philippe Waechter, directeur de la recherche économique de Natixis AM.
Dans ce début de campagne électorale, les thèmes sociaux, comme l'emploi, ne font plus guère la une de l'actualité après les débats lors de la primaire qui ont évoqué les licenciements boursiers. Plus globalement, les thèmes abordés concernent la crise économique de la zone euro ou les questions de dette. Cela pourrait changer avec l'annonce des prochains chiffres du chômage.
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