Audiovisuel public : manif et foire aux amendements
Les députés UMP Lionnel Luca (Alpes-Maritime), et Jacques Myard (Yvelines) pourraient bien remporter la compétition de la proposition la plus “originale”. Les deux compères jouent les directeurs de rédaction et demandent la suppression du journal national de France 3, au motif qu'il “doublonne” avec celui de France 2. “ France 3 national, on s'en fout.”, argumente Lionnel Luca, qui s'est fait connaître pour sa défense enflammée du texte sur le “rôle positif” de la colonisation.
Des déclarations que les salariés en grève de l'audiovisuel public apprécieront sans doute peu. Ils étaient 2.000 selon la police et 4.000 selon les organisateurs à manifester cet après-midi du Champs-de-Mars à l'Assemblée nationale, à Paris. 43% des salariés de France Télévisions étaient en grève (45% à France 2 et 48% à France 3) et un peu plus de 15% à Radio France, selon les directions. Egalement dans la rue, des salariés de RFI, de RFO (34% de grévistes) et de l'INA.
La proposition baroque des députés Myard et Luca a peu de chance de figurer sur la liste des amendements au projet de loi sur la réforme de l'audiovisuel. Elle n'en sera pas moins longue. Les députés socialistes ont promis un “ Vietman parlementaire ” pour alerter l'opinion sur un texte qu'ils jugent “inutile, dangereux et liberticide”. “Nous allons utiliser tous les outils de la procédure parlementaire pour alerter l'opinion”, prévient le PS Didier Mathus. Le groupe socialiste a déposé 500 amendements.
_ Mais le PS n'envisage pas pour autant de déposer une motion de censure, comme le souhaite le MoDem François Bayrou. Il a qualifié le texte de régression “qui doit être insupportable à tous ceux qui veulent que la France soit une démocratie respectueuse des principes permettant au peuple d'être librement informé”.
“Faucons” et “légitimistes”
De l'autre côté de l'échiquier politique, le débat fait rage entre les “faucons”, emmenés par l'UMP Frédéric Lefebvre, et les “légitimistes”, qui suivent leur patron, Jean-François Copé. Ce matin, Frédéric Lefebvre s'est à nouveau déclaré favorable au plan de suppressions d'emplois à France Televisions, déjà évoqué par Patrick de Carolis. Mais pour lui, le chiffre de 900 départs non remplacés n'est pas suffisamment élevé.
_ Un autre débat l'oppose à Jean-François Copé sur la question de la fusion de la chaîne parlementaire (LCP) et Public Sénat. Lefebvre est pour, Copé contre.
Autres voix discordantes, celles du Nouveau Centre. Ses députés ont demandé le report de la suppression de la publicité en 2012, au motif que la crise rend le projet dangereux. “Si nous ne sommes pas entendus, on ne voit pas comment on pourra voter le texte ”", a déclaré le député NC Jean Dionis du Séjour.
Matteu Maestracci, Grégoire Lecalot
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.