Aubry tient tête aux sénateurs sur le non-cumul des mandats
Mis à jour à 15h44
“J'ai rappelé que pour nous, la règle, c'était qu'à l'automne 2012, lorsque les députés seront élus, l'ensemble du non-cumul s'appliquera ”, a déclaré Martine Aubry après deux heures de rencontre avec le groupe PS.
_ Entre-temps, il y aura des élections sénatoriales à l'automne 2011 pour renouveler la moitié du Sénat, avec une chance de victoire historique pour la gauche.
“Comme convenu depuis plusieurs semaines, nous allons regarder s'il y a quelques cas qui posent difficulté” mais “cela ne peut-être qu'extrêmement marginal”, a poursuivi la première secrétaire du PS.
“On va déposer une proposition de loi”, a-t-elle ajouté. “Je pense que cela pourra beaucoup gêner la droite”.“Il s'agit de voir si le président de la République, qui a dit qu'à titre personnel il était d'accord, le sera aussi à titre politique”.
Dialogue de sourds entre les sénateurs et Martine Aubry
Les sénateurs socialistes ne veulent pas renoncer à un cumul des mandats.
Ils estiment que leurs chances de faire basculer le Sénat à gauche en 2011 seraient du coup anéanties.
“En 2008, on a gagné des sièges parce qu'il y avait des locomotives; ainsi, en Côte-d'Or où François Patriat, président du conseil régional, et François Rebsamen, maire de Dijon, ont été élus”, explique le président du groupe PS, Jean-Pierre Bel.Pour lui, “s'appliquer le non-cumul” sans que la droite en fasse autant, “ce serait un désarmement unilatéral” et pourrait “coûter” à la gauche “une dizaine de sièges et donc la victoire en 2011”.
Et pour Jean-Pierre Bel comme pour nombre de sénateurs mais aussi de responsables PS, cette “chance historique” de remporter le Sénat ne doit pas être “gâchée”.
Arnaud Montebourg, responsable du projet “rénovation” du PS, a rétorqué hier que le cumul des mandats n'était “ pas une assurance tous risques de gagner les élections ”.
Jamais la gauche au pouvoir n'a disposé de la majorité dans les deux assemblées, ce qui avait fait dire à Lionel Jospin, lorsqu'il était Premier ministre, que le Sénat était “une anomalie démocratique” du fait de son mode de scrutin.
_ Aujourd'hui, c'est encore le mode de scrutin qui explique l'hostilité des élus PS.
La gauche est bien placée pour les sénatoriales de 2011, grâce à ses gains aux élections locales. Les conseillers municipaux représentent 95% du collège des grands électeurs qui élit les sénateurs.
Sur 115 sénateurs membres du parti ou rattachés PS, 16 sont présidents de conseil général, 20 conseillers généraux, 4 présidents de conseil régional, 16 conseillers régionaux et 31 maires.
Alors pas question pour eux de se faire hara-kiri avant que le non-cumul ne soit imposé par une loi, après la présidentielle de 2012, si la gauche la remporte.
_ Un nouveau vote des militants est prévu le 24 juin.
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