Au Bataclan à Paris, lundi 2 avril au soir, la rock star s'appelait Jean-Luc Mélenchon
Au Bataclan lundi soir, Jean-Luc Mélenchon était venu présenter le programme pour la culture du Front de Gauche. Programme édité en un livre au titre évocateur : "Quelle humanité voulons-nous être?"
Lundi 2 avril au Bataclan, le public était moins venu pour Ridan (qui chanta, comme à la Bastille, des extraits de son futur album, "Madame La République..") que pour Jean-Luc Mélenchon.
Devant la salle de concerts parisienne bondée, le candidat à l'Elysée a présenté son programme pour la culture... Ou plutôt, de son propre aveu, le programme élaboré par le PCF/Front de gauche et publié en un petit livre intitulé : "Quelle humanité voulons-nous être ?".
Qu'importe ? Le public était venu l'entendre et l'applaudir, plus que ses propositions.
La réponse à la crise"est nécessairement culturelle"
La salle avait été chauffée par des chanteurs, des comédiens, des écrivains et même une violoncelliste classique, Noémie, quand enfin survint Jean-Luc Mélenchon.
"A eux seuls", estima-t-il, la crise d'hégémonie des Etats-Unis et la crise climatique "provoquent une mise au défi de l'humanité. Comment va-t-elle y répondre ? Sa réponse est nécessairement culturelle. Elle passe à travers l'amour, la fraternité, la création, c'est à dire tout ce qui se donne gratuitement".
Et d'évoquer "la bifurcation culturelle du monde". "Ce n'est pas la marchandise qui va aller à la rencontre de l'homme, c'est l'homme qui va aller à la rencontre de la marchandise". D'"où le formatage de l'homme, formatage qui va de la brevetabilité du vivant à la musique que l'on fredonne. Tout a été marchandisé."
Il a peint ensuite un monde culturel dominé par les géants des télécoms ou de la musique, et une financiarisation croissante dont les gardiens du temple s'appellent l'OMC (Organisation mondiale du commerce) où l'Union européenne telle qu'elle fonctionne.
"Nous n'avons pas besoin de six journaux qui disent six fois la même chose"
Après le passage, attendu par la salle, sur les intermittents du spectacle, "cahier de brouillon de toutes les méthodes d'exploitation dans ce pays", on l'a senti plus vibrant lorsqu'il a abordé l'information, qu'il souhaite plus diversifiée.
"J'ai grande confiance dans les Indignés du PAF (Paysage audiovisuel français). Vous ne changerez rien si vous attendez que le changement vienne d'en haut. Il faut subvertir de l'intérieur les médias. Nous n'avons pas besoin de six journaux (télévisés) qui disent six fois la même chose. Nous avons besoin de regards croisés..."
Et encore : "Je propose de subvertir la culture qui s'exprime aujourd'hui, la culture sponsorisée. J'appelle à une réflexion approfondie sur cette question des contenus. Bien sûr que nous allons abattre Hadopi, qu'il faut mettre la culture à l'école, partout...mais tout doit être repensé" à la "lumière du monde que nous voulons", "un monde de fraternité et de refus de la compétition".
Contre la culture globalisée, il a appelé à une "révolution culturelle" (pas celle voulue par Mao en Chine dans les années 60, a-t-il précisé) et à la "révolution citoyenne".
Tonnerre d'applaudissement, fin de l'oraison. Le groupe de musique qui lui succédait, constatant que la salle commençait à se vider : "on ne nous avait pas dit qu'on ferait la deuxième partie du discours de Mélenchon !". Mélenchon, la seule rock star qu'était venue écouter le public, ce lundi soir.
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