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Attentat de Karachi : il y a bien eu des rétrocommissions

C'est peut-être un tournant dans l'enquête sur l'attentat de Karachi qui a coûté la vie à 11 ingénieurs français de la DCN le 8 mai 2002. Interrogé lundi matin (15 novembre) par le juge Renaud Van Ruymbeke, l'ancien ministre de la Défense de Jacques Chirac, Charles Millon, a reconnu avoir eu, en 1995, l'"intime conviction qu'il y avait des rétro-commissions" illicites sur les contrats d'armes avec les Pakistanais.
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Le juge Van Ruymbeke enquête sur de possibles malversations financières en marge de la vente de sous-marins au Pakistan qui selon les parties civiles, pourraient avoir servi à financer la campagne présidentielle d'Edouard Balladur. Une thèse qualifiée en juin 2009 de "fable" par Nicolas Sarkozy (ministre du Budget d'Edouard Balladur et porte-parole de sa campagne en 1995).

Selon les informations obtenues par France Info, le témoignage de Charles Millon pourrait pourtant s'avérer extrêmement embarrassant pour le pouvoir de l'époque. Devant le juge, il a expliqué que Jacques Chirac, lorsqu'il est arrivé à l'Elysée en 1995, l'avait chargé d'enquêter sur la nature de certains contrats d'armement passés entre l'Etat français et des pays étrangers.

Si le ministre de la Défense découvrait que des rétrocommissions illicites étaient revenues en France, il fallait stopper le versement de ces sommes. Suite à ces vérifications, certains contrats ont été révisés ou annulés. Ce fut le cas du contrat Agosta (celui concernant les sous-marins pour le Pakistan), confirme l'ancien ministre de la Défense.

Charles Millon a avoué au juge que les agents de la DGSE (services secrets) avaient été missionnés pour enquêter sur des versements suspects. Au vu de leurs rapports, faits verbalement, Charles Millon a fait procéder à l'arrêt du contrat Agosta car, dit-il, "on a eu l'intime conviction qu'il y avait rétrocommissions".

Elodie Gueguen et Matthieu Aron

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