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Assemblée nationale de la Ve : les onze présidents, de Jacques Chaban-Delmas à Bernard Accoyer

Depuis le début de la Ve République, ce sont onze présidents qui se sont succédé au perchoir de l’Assemblée, nom du poste attribué au président de l’Assemblée. Certains ont occupé le poste à plusieurs reprises. Le 12e sera élu mardi.
Article rédigé par Pierre Magnan
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Publié Mis à jour
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L'assemblée nationale en 1968 (AFP)

Depuis le début de la Ve République, ce sont onze présidents qui se sont succédé au perchoir de l'Assemblée, nom du poste attribué au président de l'Assemblée. Certains ont occupé le poste à plusieurs reprises. Le 12e sera élu mardi.

Considéré comme l'un des plus beaux postes de la République, la présidence de l'Assemblée ne dispose pas de pouvoirs exceptionnels. Officiellement 4e personnage de l'Etat dans l'ordre protocolaire, le président de l'Assemblée dispose de certains pouvoirs de nominations (Conseil constitutionnel, CSM...), comme celui du Sénat, mais ne peut, lui, assurer l'intérim présidentiel.

Lorsque les deux assemblées sont réunies, c'est lui qui préside le Congrès.

Logée à l'hôtel de Lassay, un palais doté, paraît-il, de l'une des plus belles caves de la République, la présidence de l'Assemblée est souvent destinée à un proche du pouvoir que l'on ne souhaite cependant pas voir exercer des pouvoirs trop importants…

Le poste de président de l'Assemblée nationale a été longtemps incarné par la personnalité de Jacques Chaban-Delmas qui a occupé le poste pendant 16 ans.

"Monsieur Ballanger vous n'avez pas la parole", il faut avoir les cheveux blancs pour se souvenir de cette phrase rituelle des années 60 à l'Assemblée nationale. Elle était prononcée, avec son ton inimitable, par le président de l'Assemblée, Jacques Chaban-Delmas au leader des députés communistes d'alors.

Jacques Chaban-Delmas (9 décembre 1958 - 20 juin 1969)

Le premier président de l'Assemblée de la Ve République fut un résistant, gaulliste et social, Jacques Chaban-Delmas. Il occupa ce poste pendant 16 ans, en trois fois. Président pendant trois législatures de suite, il ne quitta le poste que pour entrer à Matignon, après l'élection de Georges Pompidou en 1969, et lancer lors de discours de politique générale, la "nouvelle société".

Achille Peretti (25 juin 1969 - 1er avril 1973)

Un autre "udr", nom du parti majoritaire et gaulliste de l'époque, le remplace. Achille Peretti est le président de l'Assemblée pendant le reste de la 4e législature. Il fut notamment maire de Neuilly. Poste qu'il transmettra à Nicolas Sarkozy.

Edgar Faure (2 avril 1973 - 2 avril 1978)

Edgar Faure préside l'Assemblée lors de la 5e législature. Ce fut le dernier poste d'envergure nationale qu'il occupa après avoir été plusieurs fois ministres sous la IVe et la Ve République et président du Conseil (1952 puis 1955-1956). Il fut notamment ministre de l'éducation nationale après 1968.

Rarement avare de bons mots, Edgar Faure, toujours zézayant, avait ainsi résumé une certaine forme de travail parlementaire : "Litanies, liturgie, léthargie".

Jacques Chaban-Delmas (3 avril 1978 - 21 mai 1981)

Deuxième passage de Jacques Chaban-Delmas au Perchoir.

Louis Mermaz (2 juillet 1981 - 1er avril 1986)

Premier président PS de l'Assemblée, il dirigera les débats pendant toute la législature élue en 1981. Proche de François Mitterrand, il l'avait suivi à l'UDSR, à la Convention des institutions républicaines, à la FGDS puis au parti socialiste d'après Epinay en 1971.

Jacques Chaban-Delmas (2 avril 1986 - 12 juin 1988)

Cohabitation et troisième passage de Jacques Chaban-Delmas à la présidence de l'Assemblée. En revanche, il a la lourde tâche de présider une assemblée qui n'a pas la même couleur politique que le président de la république. Une première sous la Ve République. Le titre de Président d'honneur lui est remis le 12 novembre 1996, une distinction que seul avant lui avait obtenu Edouard Herriot.

Laurent Fabius (23 juin 1988 - 21 janvier 1992)

Le plus jeune premier ministre "donné" à la France par François Mitterrand hérite, après la victoire du président socialiste à la présidentielle de 1988, du poste très envié -mais doté de peu de pouvoirs- de la présidence de l'Assemblée alors que son rival de toujours, Michel Rocard, va à Matignon. Il quitta l'hôtel de Lassay en 1982 pour prendre la tête du PS.

Henri Emmanuelli (22 janvier 1992 - 1er avril 1993)
Il remplaça Laurent Fabius parti à Solférino pour la fin de la IXe législature.

Philippe Séguin (2 avril 1993 - 21 avril 1997)

Philippe Séguin occupe le "perchoir" de l'Assemblée nationale pendant la Xe législature. Il est le président de l'Assemblée nationale sous deux présidents de la République, François Mitterrand , qui vit sa deuxième cohabitation, et Jacques Chirac. Il instaure le vote électronique permet la session unique en 1995 et obtient qu'une séance par mois soit réservée à un ordre du jour fixé par chaque assemblée. Son mandat est écourté par la dissolution de l'Assemblée voulu par Jacques Chirac.

Laurent Fabius (12 juin 1997 - 27 mars 2000)

Retour au perchoir pendant que son ennemi du congrès de Rennes, Lionel Jospin, dirige le gouvernement de cohabitation. Après le départ de DSK du gouvernement et un autre remaniement à l'Economie, il quitte l'Assemblée pour Bercy.

Raymond Forni (27 mars 2000 - 18 juin 2002 )

Député du territoire de Belfort, né de parents italiens, naturalisé français à 17 ans, Raymond Forni a été ouvrier aux usines Peugeot, avant de reprendre des études et devenir avocat. "Fils d'immigrés italiens que la pauvreté avait fait fuir leur pays, je suis certes né dans ce pays, mais je n'ai pu en acquérir la nationalité qu'à l'âge de 17 ans. La France m'a tout donné. Et c'est peut-être pour cela que, mon sang et mon cœur se mêlant, je crois à l'Europe par dessus tout", affirma-t-il le jour de son élection au perchoir. Longtemps proche de Jean-Pierre Chevènement, il avait préféré rester au PS. Il est mort en 2008.

Jean-Louis Debré (25 juin 2002 - 4 mars 2007)

Proche de Jacques Chirac, l'ancien magistrat prend la présidence de l'Assemblée après l'élection de son mentor. Il préside l'Assemblée pendant presque toute la XIIe législature. Il donna une image à ce poste en n'hésitant pas à règlementer de façon vigoureuse les séances de questions au gouvernement, coupant aussi bien députés que ministres débordant de leur temps de parole.

Il provoqua cependant une polémique avec la gauche en faisant déposer sur son bureau présidentiel des masses de papiers pour dénoncer les trop nombreux amendements de l'opposition. M.Debré quitta le perchoir pour le Conseil constitutionnel.

Paquets figurant un nombre record d'amendements sur le bureau du président (AFP)


Patrick Ollier (7 mars 2007 - 19 juin 2007)

Un record pour Patrick Ollier, celui de la plus courte présidence de l'Assemblée : moins de deux mois et demi. Il avait remplacé Jean-Louis Debré parti au Conseil constitutionnel, quelques semaines avant la fin de la législature.

Bernard Accoyer (26 juin 2007 - 19 juin 2012)

Bernard Accoyer a présidé l'Assemblée pendant toute la XIIIe législature. Il a estimé que la réforme constitutionnelle de 2008 est, selon lui, "une réussite" notamment parce qu'elle empêche l'obstruction parlementaire. Bernard Accoyer a aussi souligné que le travail des commissions a été renforcé par cette réforme.

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