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Arnaud Montebourg et le gouvernement face aux plans sociaux

Automobile, télécoms, pharmacie... L'actualité est sombre sur le plan de l'emploi. Pas un jour sans annonces de suppressions de postes. Résultat, le gouvernement est plus en train de jouer un rôle de pompier que de stratège.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Montebourg en "pompier" contre les plans sociaux (THOMAS SAMSON / AFP)

Automobile, télécoms, pharmacie... L'actualité est sombre sur le plan de l'emploi. Pas un jour sans annonces de suppressions de postes. Résultat, le gouvernement est plus en train de jouer un rôle de pompier que de stratège.

Les plans sociaux semblent se multiplier. Mauvais pour le gouvernement. "Un emploi sauvé, c'est une victoire, dix emplois sauvés c'est une fierté. On doit sauver le plus possible de nos appareils industriels", martèle Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif qui a du mal à suivre le calendrier des fermetures de sites ou d'annonces de suppressions d'emplois. Pourtant, le ministre est sur tous les fronts. Il s'est occupé de Fralib, de Doux et dès qu'un plan social est officialisé, il est présent.

Sanofi, Bouygues, SFR

Dernière mauvaise nouvelle en date pour le gouvernement (et les salariés), Sanofi a annoncé officiellement jeudi la "réorganisation des ses activités de recherche de médicaments, de production de vaccins et les fonctions support en France". Une annonce que les syndicats ont traduit par la suppréssion de quelque 1 000 à 2 000 emplois, même si la direction n'a pas donné de chiffres.

Un nouveau plan qui fait suite à l'annonce par deux groupes de télécoms de réduire leurs effectifs. Bouygues et SFR ont en effet tous deux fait état de quelque 500 suppressions de postes chacun par "départs volontaires". Résultat, Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin vont recevoir au plus vite les intersyndicales de ces deux opérateurs pour évoquer avec eux la situation du secteur de la téléphonie mobile depuis l'arrivée d'un quatrième opérateur sur le marché.

PSA, Doux, HP

Côté automobile, les afffaires ne se présentent guère mieux. L'annonce de la fermeture de l'usine d'Aulnay semble programmée pour juillet par PSA, dans le cadre d'une réduction d'effectifs. Chez Renault, on évoque la suppression de quelque 300 postes à Flins. Inquiétudes aussi pour les emplois de GM à Strasbourg.

Des annonces qui surviennent après celle de la crise chez Doux ou l'annonce du géant américain de l'informatique HP de supprimer 520 postes dans l'Hexagone d'ici 2014.

80.000 emplois menacés ?

D'autres secteurs pourraient à moyen terme être touchés. Comme les banques qui pourraient être amenées à couper dans leurs effectifs, selon certains experts. Sur les quelque 240.000 agences bancaires existantes en Europe de l'Ouest, 15.000 à 20.000, soit 8% à 10% du total pourraient être fermées à l'horizon 2016 dans le scénario le plus favorable et de 30.000 à 35.000 (12% à 14%) dans un scénario plus difficile.

Au total, le gouvernement a évoqué une liste des 36 "entreprises les plus en danger de tailles différentes, (dans) des situations différentes". Cette liste est à mettre en relation avec celle qui lui a été remise par la CGT qui comportait 46 entreprises en redressement ou en liquidation, soit près de 45.000 emplois menacés en France, d'après le syndicat. Bernard Thibault parlant même, jeudi 5 juillet, de 80.000 emplois menacés

La réindustrialisation avait été un des thèmes majeurs de la campagne présidentielle. Arnaud Montebourg a dressé un sombre portrait de l'industrie hexagonale: "750.000 emplois détruits en dix ans", "900 usines (fermées) en trois ans" et une part de l'industrie dans le PIB divisée par deux sur la dernière décennie.

Le ministre a résumé le challenge mercredi: "il faut redresser nos capacités de production si nous ne voulons pas perdre notre souveraineté économique".

Mais malgré quelques soubresauts, les défaillances d'entreprises tournent autour de 4.000 par mois.

Pour le gouvernement, redresser l'industrie consiste d'abord à sauver ce qui peut l'être, avec un Etat interventionniste auprès des groupes publics et privés, français comme étrangers.

Premières mesures

Le candidat Hollande avait donné ses solutions pendant la campagne : pacte de croissance, état stratège, Banque d'investissement... Des solutions qui n'auront pas d'effet à court terme.

Pour l'heure, le gouvernement a choisi la rigueur en compressant les dépenses publiques. On est loin de toute relance par la consommation.

Pour gérer la crise, le ministère du redressement productif a procédé à la nomination dans chacune des 22 régions de métropole, d'un délégué au redressement productif, sous l'autorité des préfets de région et en relation étroite avec les présidents de région. Sur le plan fiscal, seule mesure concrête : l'annonce de la suppression de l'exonération des heures supplémentaires dans les entreprises de plus de 20 salariés. Selon le gouvernement, l'exonération "décourageait la création de nouveaux emplois ". Une étude économique allait effectivement dans ce sens.

Arnaud Montebourg, qui joue gros à ce poste, doit présenter son programme de "redressement productif" la semaine prochaine, lors de la conférence sociale (9 et 10 juillet) et d'une réunion de la Conférence nationale de l'industrie (CNI).

Les mesures à plus long terme déjà annoncées, comme le rééquilibrage de la fiscalité entre petites et grosses entreprises, suffiront-elles à enrayer la mécanique des plans sociaux ? L'ampleur de la crise pourrait avoir plus de poids que l'activisme du ministre du redressement productif pour répondre à cette question.

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