Après le lait, Bruno Le Maire sur le front des fruits et légumes
Le ministre de l'Agriculture a à peine le temps de sortir la tête du lait qu'il doit replonger dans les fruits et légumes. Univers impitoyable par les temps qui courent, alors que les producteurs sont étranglés par la chute des prix et le “I want my money back” de Bruxelles (“Je veux revoir mon argent”, exhortation lancée par Margaret Thatcher, en son temps, à cette même Union européenne). La Commission a en effet demandé en août le remboursement de 15 millions d'euros d'aides accordées par le gouvernement aux producteurs et jugées “euro-incompatibles” (lire nos articles).
Bruno Le Maire a donc invité tous les acteurs de la filière au ministère, producteurs et distributeurs.
_ Le nœud gordien, question-qui-fâche, œil du cyclone, comme on voudra, c'est le coût du travail dans le secteur. “Nous ne pouvons pas continuer à produire des fruits et légumes saisonniers à 12 euros de l'heure quand le tarif est à 6 euros en Allemagne, 7 euros en Espagne et 8 euros en Italie”, plaidait récemment Bruno Le Maire devant la commission des finances de l'Assemblée nationale.
La TVA en partie reversée ?
Mais ce volontarisme ministériel affiché laisse froid les agriculteurs, qui jugent l'intéressé “un peu court” sur la baisse des charges, selon le mot de Bruno Dupont, président de la fédération nationale des producteurs des fruits (FNPF), la branche fruits et légumes de la FNSEA.
_ Il y aurait bien, peut-être, un début de commencement de solution : qu'une partie de la TVA à 5,5% qui pèse sur le secteur soit reversée aux producteurs. Séduits par l'idée, ils se verraient bien récupérer 1,3%. Mais le coup de gueule européen de l'été a laissé des traces. Pouvoirs publics et agriculteurs avancent à pas de loup : “la formule juridique n'est pas simple à trouver et surtout il faut que cela soit "eurocompatible"”.
Les producteurs espèrent aussi décrocher des crédits à l'export, notamment pour les pommes. La France était jadis le premier exportateur mondial, mais elle s'est fait grignoter ses parts de marché.
Autour de la table au ministère, l'ambiance ne sera pas forcément au barbecue entre vieux amis. La grande distribution, régulièrement mise en cause pour ses importations de fruits et légumes étrangers est de la partie. Les agriculteurs lui reprochent aussi de pratiquer des marges excessives. Une enquête de l'observatoire des prix et des marges tranchera la question le 8 octobre.
Grégoire Lecalot, avec agences
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