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Condamnation de Nicolas Sarkozy : soutien à l'ancien président ou vive inquiétude pour la démocratie, les réactions de la classe politique

L'ancien chef de l'État, condamné à trois ans de prison dont un ferme pour corruption et trafic d'influence, bénéficie de l'appui de sa famille politique. LREM ou EELV estiment au contraire que Nicolas Sarkozy a porté atteinte à l'image de la France.

Article rédigé par franceinfo
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Nicolas Sarkozy au tribunal correctionnel de Paris, lundi 1er mars 2021. (MARTIN BUREAU / AFP)

"Je trouve cela terrible pour l'image de la France", a réagi lundi 1er mars sur franceinfo Sébastien Chenu, député RN du Nord et porte-parole du RN, après que Nicolas Sarkozy,a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris pour corruption et trafic d'influence à trois ans de prison dont un an ferme, au procès dit des "écoutes". "C'est confondant pour l'image de notre pays", ajoute-t-il.

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Sébastien Chenu tient cependant à souligner qu'il est "très hostile à l'acharnement judiciaire". "Nous le déplorons lorsqu'il s'agit du Rassemblement national et nous le déplorons lorsqu'il s'agit des autres." Le porte-parole du RN se "démarque de l'Union syndicale des magistrats" qui a estimé sur franceinfo que la justice "a su se démarquer des pressions".

"J'aimerais qu'on puisse attendre que les choses soient terminées avant de commenter ce qui quand même engage aussi l'image de la France"

Sébastien Chenu

à franceinfo

"À partir du moment où il y a des voies de recours, il y a toujours une présomption d'innocence, insiste porte-parole du RN. Elle vaut pour Nicolas Sarkozy comme pour n'importe qui. Moi, je n'ai pas pour habitude de commenter les décisions de justice, surtout lorsqu'elles ne sont pas définitives."

L'ancien chef de l'État a annoncé son intention de faire appel de sa condamnation lundi en fin d'après-midi. Le parquet national financier (PNF) avait requis le 8 décembre dernier, à son encontre, quatre ans de prison dont deux ans avec sursis après un procès de trois semaines qui s’est tenu de fin novembre à début décembre.

"Les choses ne sont pas terminées"

Sébastien Chenu dit vouloir "garder la tête froide" car il n'y a selon lui "rien de pire que la République des juges, rien de pire que l'acharnement judiciaire". L'élu RN avoue ne pas avoir "beaucoup de tendresse pour Nicolas Sarkozy". L'ancien chef de l'État "doit répondre de ses actes devant la justice. Mais les choses ne sont pas terminées, donc il est toujours présumé innocent".

"Je pense qu'il faut se garder de tout excès. Je déteste les règlements de comptes politiques par voie judiciaire", ajoute Sébastien Chenu. "On a toujours le sentiment qu'il y a, à un moment, un certain nombre de personnes qui, dans le monde judiciaire, mènent des combats qui sont des règlements de comptes politiques, affirme le député qui estime pourtant que l'on peut "avoir confiance en la justice de notre pays. Mais il ne faut pas qu'elle soit manipulée. Il ne faut pas qu'elle serve à des règlements de comptes politiques".

"Une condamnation extrêmement dure"

Depuis la condamnation de Nicolas Sarkozy, plusieurs responsables politiques de droite ont exprimé leur solidarité vis-à-vis de à l'ancien président. "Soutien indéfectible" à Nicolas Sarkozy, indique sur Twitter Christian Jacob, président du parti Les républicains.

"La sévérité de la peine retenue est absolument disproportionnée et révélatrice de l’acharnement judiciaire d’une institution déjà très contestée".

Christian Jacob

à franceinfo

"Toute la lumière devra être faite sur les méthodes et l’indépendance du PNF", ajoute Christian Jacob. 

Le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, estime que la condamnation de l'ancien chef de l'État à trois ans de prison dont un an ferme est une "condamnation extrêmement dure dans un dossier particulièrement faible". "Petit rappel : il y a un droit à la présomption d'innocence tant que les voies de recours n’ont pas été purgées", poursuit-il. Nicolas Sarkozy ne l’a pas encore annoncé, mais il pourrait comme Thierry Herzog, faire appel de cette condamnation.

Nicolas Dupont-Aignan, le leader de Debout la France, qualifie cette condamnation d’ "éclatant deux poids deux mesures". "Quand la justice sera-t-elle sévère avec les délinquants qui trafiquent de la drogue et agressent nos policiers ?", s’interroge-t-il sur Twitter.

"Quel acharnement insensé mon amour. Le combat continue, la vérité fera jour #injustice", a réagi la femme de Nicolas Sarkozy, Carla Bruni sur Instagram, lundi après-midi, après la condamnation de l'ancien chef de l'Etat dans le procès des écoutes. 

"Notre image est ternie, salie"

Nicolas Sarkozy est le deuxième ex-chef de l'Etat à être sanctionné par la justice, après son ancien mentor Jacques Chirac. Le député LREM de l'Hérault Patrick Vignal estime, sur franceinfo, que ce lundi "n'est pas du tout une bonne journée pour la démocratie. On a dans ce pays une défiance envers le personnel politique. Qu'on aime ou on n'aime pas Nicolas Sarkozy, il a été le président de la République. (...) Ce n'est pas bon pour la démocratie."

Au sujet des réactions et soutien de la droite à Nicolas Sarkozy, le député de l'Hérault estime "qu'on est tellement éloigné de ce qu'on appelle le peuple. (...) On a un personnel politique qui est plus dans la posture que dans le bien commun. Et c'est pour ça que les Français s'éloignent des urnes et ne vont plus voter", en citant la crise des gilets jaunes, la réforme des retraites ou la crise du Covid-19.

"La corruption mine notre pacte démocratique"

Patrick Vignal estime par ailleurs que la condamnation de Nicolas Sarkozy porte atteinte à la France toute entière: "Notre image est ternie, salie au niveau international alors qu'on est un grand pays, une grande puissance. (...) Donc ce sont des taches indélébiles et on ne peut plus continuer comme ça. Le politique n'a plus le droit de se retrouver devant les tribunaux. Nous sommes là pour régler les problèmes des gens et pas régler des comptes".

"On reconnaît une démocratie à sa capacité à juger ses dirigeant-es", a réagi sur Twitter Julien Bayou, secrétaire général d’EELV. "Après, Chirac, Sarkozy condamné, et la clique Géant, Balkany et Cie. La corruption mine notre pacte démocratique et coûte des milliards chaque année", assure l’élu vert.

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