Les six jours qui ont précipité le président dans la crise politique
Sa grand-messe télévisuelle du jeudi 28 mars devait être l'occasion pour François Hollande de renouer avec les Français. Mais l'affaire Cahuzac a tout changé.
Sa grand-messe télévisuelle, jeudi 28 mars, devait être l'occasion pour le chef de l'Etat de renouer avec les Français. Malgré la crise qui persiste et le chômage qui monte, François Hollande, encore fort de son aura malienne, allait rassurer l'opinion et remettre le bateau à flot. Mais c'était sans compter Jérôme Cahuzac. De l'art d'être plombé par ses proches, ou les six jours qui ont plongé le président dans la crise politique.
Jeudi 28 mars : le grand oral
Invité sur France 2, François Hollande voulait rassurer l'opinion, expliquer sa politique et faire preuve de leadership. A l'antenne, le président de la République déroule plusieurs annonces. Les allocations familliales seront modulées selon les revenus des bénéficiaires. La taxe à 75% est de retour. Dans sa nouvelle mouture, ce seront les entreprises qui paieront directement et non plus les contribuables. Le budget de la Défense restera inchangé en 2014. Et un peu plus de 2 000 soldats français se retireront du Mali d'ici le mois de juillet.
Vendredi 29 mars : la gueule de bois
Gueule de bois au réveil, la prestation du chef de l'Etat n'a pas emballé la presse. Le Monde (article abonnés) a reconnu le président mais cherche le socialiste, tant les promesses de campagne semblent loin. A Libération, en revanche, on fait plutôt dans l'ironie : "Devant l'ampleur de la crise et la montée du chômage, François Hollande a expliqué hier soir que tous les outils sont déjà en place. Le président s'engage même à redresser la France en deux ans. Vivement 2015 !"
Et les choses ne sont pas près de s'arranger. L'Insee annonce un dérapage surprise du déficit public à 4,8% du PIB en 2012, contre les 4,5% promis à Bruxelles. Le président avait déjà revu son ambition à la baisse mi-mars, et abandonné l'objectif d'un retour aux 3,7% pour 2013.
Dimanche 31 mars : Ayrault brouille le message sur les retraites
Le JDD gâche les fêtes pascales. Alors que François Hollande avait annoncé jeudi un allongement des durées de cotisation, Jean-Marc Ayrault, interrogé dans l'hebdomadaire sur une prochaine réforme des régimes de retraite, assure que l'âge de départ ne sera pas repoussé. Le Premier ministre lance des pistes et brouille les cartes, promettant qu'"à l'automne, les choses seront plus claires pour tout le monde". Seul un tiers des téléspectateurs ont jugé François Hollande convaincant lors de son intervention. C'est le résultat d'un sondage Ifop pour le JDD, selon lequel le président n'est apparu "ni pédagogue (pas clair pour 54% des Français) ni rassurant".
Mardi 2 avril : Cahuzac passe aux aveux
Acculé par les avancées de l'enquête sur son compte en Suisse, l'ancien ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, prend les devants et se rend chez les juges. Il publie sur son blog : "Je leur ai confirmé l'existence de ce compte et je les ai informés de ce que j’avais d’ores et déjà donné les instructions nécessaires pour que l’intégralité des actifs déposés sur ce compte, qui n’a pas été abondé depuis une douzaine d’années, soit environ 600 000 euros, soient rapatriés sur mon compte bancaire à Paris." La presse et l'opposition s'interrogent : que savait François Hollande ?
Mercredi 3 avril : la crise politique s'installe
A circonstances exceptionnelles, moyens exceptionnels. Juste avant son départ au Maroc, le chef de l'Etat enregistre en hâte et sans journalistes une allocution télévisée pour prendre ses distances avec Jérôme Cahuzac. François Hollande adopte le même type de communication que lors de l'intervention au Mali : une assurance affichée, une certaine solennité et l'annonce d'une série de mesures supposées régler le problème. Le gouvernement est ébranlé par l'affaire. Le député UMP Claude Goasguen réclame la démission de Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie qui avait l'autorité de tutelle sur Jérôme Cahuzac, et l'accuse de laxisme.
Jeudi 4 avril : un proche soupçonné de détenir des placements offshore
Timing malheureux. En pleine affaire Cahuzac, Le Monde (article abonnés) publie le volet français d'une enquête, menée à l'échelle mondiale à partir d'une gigantesque fuite d'informations, sur les détenteurs de comptes "offshore". Jean-Jacques Augier, trésorier de la campagne de François Hollande, est actionnaire de deux sociétés établies aux îles Caïmans.
Pour couronner le tout, un nouveau sondage TNS-Sofres pour Le Figaro annonce une nouvelle plongée de la popularité du couple exécutif, avec une cote de confiance à 27% pour François Hollande (-3) et à 25% pour Jean-MarcAyrault (-3). On touche le fond ? Pas sûr. L'enquête a été réalisée avant les aveux de Jérôme Cahuzac.
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