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Affaire Cahuzac : le discours hors normes de Hollande

Trois spécialistes de la communication décryptent l'intervention télévisée du président après les aveux de l'ancien ministre.

Article rédigé par Lorraine Kihl
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Le président, François Hollande, lors de son intervention télévisée mercredi 3 avril à l'Elysée. (FRANCE 2 / AFP)

Avec une brève intervention, enregistrée à l’Elysée et sans la présence de journalistes, le président de la République a réagi mercredi 3 avril aux aveux de Jérôme Cahuzac sur son compte à l'étranger par une voie peu ordinaire. Trois spécialistes de la communication décryptent cette séquence.

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La posture du chef d'Etat

"La parole présidentielle est rare, le fait que François Hollande s’exprime, seulement une semaine après être intervenu à la télévision [il a été interviewé sur France 2  jeudi dernier], montre qu’il considère le sujet comme extrêmement sérieux", estime Claude Posternak. Pour ce communicant, qui a travaillé avec Martine Aubry, "le couple exécutif a bien réagi, avec Jean-Marc Ayrault mardi soir et l'intervention de François Hollande mercredi midi. Ils ont apporté un type de réponse efficace, auquel ils ne nous avaient pas habitués".

Dans la brève vidéo de deux minutes trente, François Hollande s’exprime debout, sans note, ni pupitre, dans une mise en scène minimaliste. Chacun s’accorde sur la solennité du dispositif et l’engagement du chef de l’Etat. "En faisant le choix d’une vidéo enregistrée, François Hollande évite aussi de répondre aux questions des journalistes, du type : 'Etiez-vous au courant ?'", explique Arnaud Mercier, universitaire, spécialiste de la communication politique.

"L'intervention se structure en deux temps, analyse Benoit Lafon, maître de conférence en science de la communication à Grenoble. D'abord, il qualifie les faits avec une série de mots-clés qui définissent le caractère superlatif de la situation : choc, outrage, blessure. Puis il montre avec trois propositions sa volonté de remettre de l'ordre. Il se pose en garant de la stabilité des institutions." Pour Benoit Lafon, la marge de manœuvre du président était extrêmement restreinte, dictée par les impératifs de la fonction face à une situation extraordinaire.

Manque d'émotion

"François Hollande aurait peut-être gagné à laisser paraître davantage de colère et d’indignation, estime cependant Arnaud Mercier. Le scandale touche à ce qui apparaissait pour l'électorat de François Hollande comme la marque de fabrique de la gauche : une forme de probité qui le démarquait d’un Nicolas Sarkozy, président des riches et des affaires." Pour cet universitaire, le meilleur avocat de la gauche depuis les aveux de Jérôme Cahuzac n'est ni Jean-Marc Ayrault, ni François Hollande mais Gérard Filoche, dont la colère et l'émotion ont touché les internautes.

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