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Anticor avait relancé l'affaire Ferrand : son vice-président est visé par une enquête administrative

L'inspection générale de la justice reproche notamment à Éric Alt, également magistrat, d'avoir représenté Anticor dans l'affaire Richard Ferrand.

Article rédigé par franceinfo
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Richard Ferrand, lors d'une séance de questions au gouvernement, le 16 juillet 2019. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

Le vice-président d'Anticor Éric Alt, également magistrat, est convoqué jeudi 18 septembre par l'inspection générale de la justice pour lui notifier l'ouverture d'une enquête administrative, a appris franceinfo auprès du Syndicat de la magistrature, confirmant une information du journal Le Monde. Il est notamment reproché à Éric Alt d'avoir représenté Anticor dans l'affaire Richard Ferrand.

Deux affaires distinctes

L'enquête administrative a été ouverte pour deux affaires distinctes. Tout d'abord, dans l'affaire des Mutuelles de Bretagne impliquant le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand, il est reproché à Éric Alt d'avoir signé la constitution de partie civile en tant que vice-président d'Anticor. Or, Eric Alt était à la fois le plaignant mais également le collègue du juge parisien qui instruisait l'affaire Ferrand. En effet, Éric Alt est magistrat au tribunal de grande instance de Paris.

La seconde affaire qui motive l'ouverture de cette enquête administrative se déroule en Corse. Il est reproché à Éric Alt d'avoir pris position publiquement dans un dossier de fraudes aux primes agricoles. Sur France 3 ViaStella, Éric Alt avait critiqué les propos de la préfète dans cette affaire.

Le Syndicat de la magistrature soutient Eric Alt

Éric Alt a simplement déclaré à franceinfo que la "citoyenneté ne s'arrêtait pas aux portes du tribunal". De son côté, le Syndicat de la magistrature fait savoir à franceinfo qu'il soutient et assistera Éric Alt dans sa défense.

Katia Dubreuil, présidente du syndicat estime que "l'on cherche des poux dans la tête d'Anticor et dans la tête d'un magistrat dans le cadre de l'affaire Ferrand : c'est une manœuvre éminemment politique". Katia Dubreuil conclut en jugeant que "c'est totalement scandaleux d'aller chercher un magistrat sur le terrain de la liberté d'expression".

"Liberté d'expression"

"On est très étonné de cette attaque. Les magistrats bénéficient de la liberté d’expression et d'association, comme n’importe quel citoyen dans les dossiers qu’ils ne traitent pas", explique pour sa part à franceinfo le président d'Anticor, Jean-Christophe Picard. "On ne peut pas plus faire que s’étonner de cette polémique, c’est la première fois qu’on a une attaque aussi frontale."

"M. Alt, dans sa vie professionnelle, ne traite pas les dossiers d’Anticor, il exerce des fonctions prud'homales, cela n'a rien à avoir avec les dossiers de lutte contre la corruption, je ne vois pas pourquoi un magistrat prud’homal ne pourrait pas adhérer à Anticor. La question se poserait pour un magistrat qui s'occuperait de dossiers anti-corruption, effectivement, là il vaut mieux ne pas adhérer à Anticor", poursuit Jean-Christophe Picard.

Je comprends qu’on énerve, qu’on agace, qu’on indispose, on n’est pas là pour se faire des amis. Peut-être que plutôt de répondre sur le fond, on essaye de nous chercher des poux dans la tête, de manière un peu curieuse.

Jean-Christophe Picard, président d'Anticor

à franceinfo

Le président d'Anticor affirme que "ce qu’on lit dans la presse, ce qu'on entend de la bouche d’élus et de responsables politiques, c'est qu’il ne faut pas être juge et parti. Ce qui sous-entendrait que les juges qui traitent des dossiers d'Anticor sont membres de l'association, c’est de l’amalgame grotesque, c'est évident que les juges qui ont traité nos dossiers ne sont pas membres d’Anticor, c’est complètement étanche".

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