Le conseil des ministres a autorisé mercredi l'audition d'Eric Woerth dans le cadre de l'affaire Bettencourt
Le parquet de Nanterre avait annoncé auparavant avoir officiellement demandé l'autorisation d'interroger comme témoin le ministre du Travail.
Florence Woerth, l'épouse du ministre, a été entendue mercredi par la police dans l'enquête sur son embauche en 2007 par la société qui gère les actifs de Liliane Bettencourt.
Quels liens avec l'apparente absence de vérifications fiscales ?
Florence Woerth a été convoquée dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine). Cette enquête porte sur des révélations apparues dans les enregistrements clandestins effectués chez l'héritière de L'Oréal.
La justice doit déterminer un éventuel lien entre l'embauche de Florence Woerth par Patrice de Maistre, patron de la société Clymène (qui gérait les actifs de l'héritière de l'Oréal), la légion d'honneur attribuée en janvier 2008 à ce dernier par Eric Woerth, et l'apparente absence de vérifications fiscales de la fortune Bettencourt depuis de longues années.
Florence Woerth nie avoir bénéficié d'un "coup de pouce" de son mari pour être embauchée par Patrice de Maistre. "Ce métier était en parfaite logique avec son passé professionnel. A aucun moment dans ses 25 ans de carrière professionnelle, son mari n'a joué un rôle", affirme son avocat Me Antoine Beauquier. "Je n'ai jamais demandé qu'on embauche ma femme. Jamais, jamais, jamais", a affirmé Eric Woerth mardi, se défendant ainsi de tout conflit d'intérêt.
Admettant dans la presse avoir "sous-estimé un conflit d'intérêts", Florence Woerth a quitté Clymène fin juin.
Dans Le Monde de mercredi, un responsable de Proway, cabinet de recrutement, explique sous le sceau de l'anonymat avoir fourni en mars 2007 à Patrice de Maistre les noms de quatre candidats pour le poste qu'il cherchait à pourvoir. "Nous n'avons plus eu de nouvelles et nous avons appris par la presse que Mme Woerth avait été embauchée", dit-il.
Eric Woerth pourra lui aussi être entendu
Le Conseil des ministres a autorisé mercredi l'audition par la police d'Eric Woerth, demandée la veille par le parquet de Nanterre. Ce type d'autorisation est toujours accordé en pareil cas et Eric Woerth avait lui-même demandé à être entendu.
"C'était attendu. C'était ce que je souhaitais. Je serai entendu comme l'ont été d'autres ministres à d'autres moments. Cela fait quinze jours que je vous disais que je l'espérais. On est dans une procédure normale", a-t-il déclaré à la presse. "Je souhaite la transparence. Ces auditions visent à cela comme dans toute procédure judiciaire", a-t-il dit, au sujet de l'audition de sa femme Florence mercredi matin dans la même affaire.
Mardi soir, à sa sortie de l'Assemblée nationale, Eric Woerth s'est redit "très impatient" de pouvoir s'expliquer devant la justice. Interrogé sur les incidences de cette audition sur l'examen en cours du projet de loi sur les retraites en commission, il a lancé: "Bien sûr que le débat parlementaire peut se tenir d'une manière sereine".
Le ministre du Travail doit notamment être interrogé sur les conditions d'embauche de sa femme par Clymène, dans le cadre d'une enquête préliminaire sur les enregistrements clandestins réalisés au domicile de Liliane Bettencourt entre mai 2009 et mai 2010.
Ces enregistrements suggèrent des opérations de fraude fiscale dans la gestion de la fortune de l'héritière de L'Oréal, mais aussi un possible conflit d'intérêts avec l'ex-ministre du Budget puisque son épouse, Florence Woerth , a travaillé deux ans et demi dans la société chargée de cette gestion.
Lors d'un déplacement lundi matin à Guyancourt, dans les Yvelines, Eric Woerth avait déclaré que son audition par la police interviendrait rapidement. "Je serai entendu prochainement par la justice comme je l'ai demandé", avait indiqué le ministre du Travail.
Quelles suites judiciaires ?
Dans le cadre procédural actuel d'enquête préliminaire, une audition d'Eric et Florence Woerth ne débouchera sur aucune poursuite ou aucune mesure coercitive, estime Reuters. Le procureur Philippe Courroye n'a pas le pouvoir de les prononcer, sauf s'il choisit d'ouvrir une information judiciaire et de transmettre le dossier à un juge d'instruction indépendant, une option qu'il exclut en l'état du dossier.
Il peut ouvrir une information quand il jugera ses investigations complètes ou classer l'affaire sans suite, ou citer un ou plusieurs suspects directement devant le tribunal, le tout dans un délai dont il est maître.
Une autre enquête préliminaire de police est ouverte sur des accusations de financement illicite de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.