A quoi servent les candidatures qui ne vont pas à leur terme ?

Christine Boutin. Trois petits tours et puis s'en vont. A quoi servent ces candidatures dont on sait qu'elles n'iront pas forcément à leur terme ? Analyse.

C'est la première conséquence du ralliement de Christine Boutin à Nicolas Sarkozy. Son temps de parole est désormais décompté comme celui du candidat de l'UMP. Elle a donc du annuler sa participation à Mots Croisés sur France 2 lundi soir.

Exposition

C'est la preuve par le contraire du premier intêret de déclarer une candidature à l'élection présidentielle: avoir du temps d'antenne pour exposer ses idées.

Et plus celle-çi intervient tôt, le 22 juin 2011 pour Mme Boutin, plus vous disposez de temps pour vous exprimer. Certes, il s'agit d'une lapalissade, mais les médias pour respecter une forme d'équité comme pour renouveller leurs invités pensent à vous pour leurs émissions. Ainsi en janvier, elle a obtenu 2h et 15 minutes de temps de parole dans les médias selon les rélevés du CSA. C'est évidemment moins que d'autres candidats, mais elle n'aurait jamais eu une telle exposition si elle n'avait pas été candidate.

Brouillage du message

Du temps pour parler mais pour dire quoi ? Dès le 22 juin, la principale préoccupation des journalistes étaient de savoir si elle irait jusqu'au bout. A chaque intervention media, elle devait justifier de sa détermination.

Accordons crédit à Mme Boutin de sa sincérité. Elle espérait obtenir les 500 signatures mais elle savait que ce serait dur. Elle a donc théâtralisé sa quête. Entre buzz sympathique ( pélérinage sur le chemin de saint Jacques de Compostelle à la rencontre des maires ruraux) et menaces ridicules ( promesse d'une bombe atomique). Pétard mouillé dont elle révèle aujourd'hui que cela aurait été une grève de la faim (de la fin ?).

N'excluant pas un jour de soutenir François Bayrou, elle se rallie au final à Nicolas Sarkozy. Elle pourra toujours arguer que dans son interview au "Figaro Magazine", le Président de la republique a repris ses idées sur le mariage gay ou l'euthanasie. Sur le fond, elle estime avoir bien négocié et au bon moment et avoir pesé sur ses prises de position. Il n'est pas pas certain néanmoins que sa crédibilité politique sorte grandie de cette campagne avortée.

Préparation des legislatives

Mais elle reprend un vieil adage de la communication. "En bien ou en mal, l'essentiel est que l'on parle de moi".

Car une candidature à la présidentielle, même interrompue est avant tout une campagne de communication pour les législatives. Celles-çi sont cruciales pour un petit mouvement comme celui de Mme Boutin, le parti chrétien démocrate. En effet, à chaque voix obtenue correspondait 1,63 euros en 2007.

Il faut donc présenter un maximum de candidats dans toutes les régions afin d'assurer l'existence financière du parti pour les cinq ans à venir. Les frais pour une campagne présidentielle interrompue ne sont pas remboursés. Mais ils sont un investissement pour l'avenir. Christine Boutin pourra afficher sa photo sur les affiches des ses candidats en juin prochain. Un gage de notoriété pour soutenir des personnes implantées localement mais qui manqueront peut-être de renommée.

Elle annonce vouloir en présenter une centaine en juin prochain. L'immense majorité se présentera face à des candidats UMP. Mais le parti de Jean-François Copé a ménagé ses alliés. L'ancienne circonscription de Mme Boutin a été attribuée à un membre de son parti. Le PCD ne compte qu'un député sortant.