A la recherche de respectabilité, le FN débordé par sa base
"Nous ne sommes pas un mouvement d'extrême droite. " Il y a quinze jours, la présidente du Front national a promis d'attaquer en justice ceux qui qualifieraient le FN de parti d'extrême droite. Cette déclaration s'inscrit dans la stratégie de dédiabolisation voulue par Marine Le Pen. Son objectif : faire du Front national un parti comme les autres, lui donner un "nouveau visage ".
Mais depuis un mois, le FN est débordé par une partie de sa propre base. Ce vendredi, Anne-Sophie Leclere, candidate du parti aux élections municipales de Rethel, dans les Ardennes, a été suspendue pour avoir comparé Christiane Taubira à un singe.
Début octobre, c'est le candidat aux élections municipales à Strasbourg, André Kornmann, qui dérape. Lors d'une conférence de presse, il s'emporte et annonce vouloir doter les policiers municipaux de "chiens de grande envergure ", de "chiens d'attaque, pas des teckels ou des chihuahua " pour faire face à la "racaille ", rapportent les Dernières nouvelles d'Alsace.
Il explique également qu'il imposera "la punition dans les écoles ", "déposera les Roms devant le consulat de Roumanie " et expulsera des logements sociaux les familles des mineurs délinquants récidivistes.
Conseil de discipline pour ceux qui ne respectent pas la nouvelle ligne du parti
En recherche de respectabilité et à l'approche des municipales, le Front national réagit immédiatement. Le lendemain de ses déclarations, désavoué par le FN, André Kornmann se retire de la course à la mairie strasbourgeoise, avant d'annoncer qu'il montera sa propre liste. "Un proche collaborateur de Marine Le Pen m'a dit qu'il fallait aseptiser mes propos ou les policer, mais je suis quelqu'un d'entier ", déclare alors cet avocat de 50 ans.
"Certains de ses propos étaient contraires à la ligne qui est proposée par le Front national, qui est en train de devenir un parti de gouvernement ", a réagi de son côté Christian Cotelle, conseiller régional du FN en Alsace et ancien secrétaire du parti dans le Bas-Rhin.
C'est le même scénario dans le cas d'Anne-Sophie Leclere. Le parti s'est immédiatement désolidarisé de sa candidate, l'a suspendue et convoquée devant les instances disciplinaires. "Dès qu'un adhérent se permet des propos qui ne sont pas dans notre ligne de conduite, souvent il est présenté au conseil de discipline ", a affirmé le responsable départemental FN des Ardennes.
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Et quand ce ne sont pas les candidats qui dérapent, ce sont certains militants "de base". Un élu du parti, Julien Sanchez, vient lui d'en subir les conséquences. Le conseiller régional de Languedoc-Roussillon a en effet été condamné ce vendredi par la cour d'appel de Nîmes à 3.000 euros d'amende pour avoir laissé deux internautes publier sur son mur Facebook des commentaires à connotation raciste.
En octobre 2011, Laurent Roux et Stéphane Baudet avaient laissé sur le mur de cet élu des commentaires à connotation raciste à l'encontre du premier adjoint au maire de Nîmes, Franck Proust. Délit pour lequel ils avaient écopé en première instance de 4.000 euros d'amende dont 3.000 avec sursis.
Julien Sanchez était poursuivi comme "directeur de publication ". Lors de l'audience d'appel en septembre, il avait expliqué pour sa défense qu'il était alors en campagne et n'avait pas le temps de vérifier tous les commentaires laissés sur sa page Facebook. Ce responsable du FN a depuis restreint l'accès à sa page, et a annoncé qu'il allait se pourvoir en cassation.
Malgré ces dérapages, la stratégie de dédiabolisation de Front national semble porter ses fruits. En septembre dernier, le baromètre politique TNS Sofres pour le Figaro Magazine indiquait que le FN était le seul parti dont l'image s'améliorait auprès des Français. Et au mois de février, un sondage montrait l'enracinement des idées du parti : 30% des personnes interrogées se disaient proches des propositions de Marine Le Pen. 47% estimaient que le Front national ne représentait aucun danger.
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