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A Hénin-Beaumont, le Front national dénonce la "victoire à la Pyrrhus" du PS face à Marine Le Pen

Tout s'est joué à une centaine de voix dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais entre Marine Le Pen (FN) et Philippe Kemel (PS), élu avec 50,11% des voix. Le Front national dénonce une "victoire à la Pyrrhus" du candidat socialiste.
Article rédigé par Natalia Gallois
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Marine Le Pen lors de son discours aux militants à Hénin-Beaumont dimanche 17 juin (DENIS CHARLET / AFP)

Tout s'est joué à une centaine de voix dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais entre Marine Le Pen (FN) et Philippe Kemel (PS), élu avec 50,11% des voix. Le Front national dénonce une "victoire à la Pyrrhus" du candidat socialiste.

Envoyée spéciale à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) - "C'est affreux", "Ce n'est pas normal, c'est injuste", "J'ai les boules". Au Colisée, la petite salle des fêtes choisie par le Front nationale pour réunir les militants et les sympathisants du Front national, la déception est entière.

"Plus que de la déception, du dégoût"

Après des heures d'attente angoissée dans une salle surchauffée, le couperet est tombé. Marine Le Pen a été battue par Philippe Kemel : un peu plus d'une centaine de voix d'écart. Le candidat du Parti socialiste a obtenu 50,11% des voix.

"A un petit point près, ce n'est plus de la déception, c'est du dégoût", se désole une militante. Certains tentent de rester positifs, comme Aimé, 68 ans : "C'est la loi des mathématiques, au moins, les deux députés ça va nous mettre du baume au coeur", lâche-t-il dans un soupir.

Et quand la présidente du Front national fait son entrée peu après 20 heures, les militants rassemblent leurs forces pour encourager et acclamer leur favorite. "Bravo à vous tous" lance-t-elle tout sourire mais le regard humide.

"Seule contre tous"

"C'est un énorme succès, ce soir est un soir de victoire pour le "Rassemblement bleu marine" que j'ai eu l'honneur de diriger", ajoute-t-elle avant de poursuivre : "Après 25 ans d'absence illégitime au Parlement, le Front national fait à nouveau son entrée à l'Assemblée nationale".

Un discours victorieux teinté d'une ombre : sa propre défaite. "Avec 114 voix d'écart, seule contre tous, je suis privée d'un siège du fait d'un redécoupage en faveur des socialistes. Ce soir, c'est à M. Guéant que M. Kemel doit adresser ses remerciements", déclare Mme Le Pen, non sans rappeler son score dans la ville d'Hénin-Beaumont : 56%.

"M. Kemel a été élu avec les voix des beurs"

L'enfant du pays, Steeve Briois, secrétaire général du parti, garde un goût amer dans la bouche : "Nous allons demander un recours, car nous avons subi des pressions, comme sur le marché de Méricourt où ils ont voulu nous empêcher de tracter", affirme-t-il à l'issue du discours.

"Ils sont allés chercher les voix de ceux qui ne votent jamais, dans les quartiers, on entend les youyous là-bas", ajoute-t-il, "M. Kemel a été élu avec les voix des beurs, je l'ai vu dans les bureaux de vote aujourd'hui".

Déçu avant tout que "les seuls drapeaux que l'on aperçoit dans Hénin-Beaumont ce soir soient des drapeaux algériens", celui qui s'imagine futur maire de la ville conclut : "Avec 114 voix sur 93 000, c'est une victoire à la Pyrrhus".

"Ca sera toujours Marine dans nos coeurs"

De son côté Marine Le Pen tente de garder bonne figure, saluant l'élection de sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen dans le Vaucluse : "C'est une grande fierté, à double titre, comme tante mais aussi comme présidente du Front national de voir une Le Pen devenir la plus jeune député de la Ve République".

"Nous avons enfin brisé le plafond de verre, nous entrons ce soir à l'Assemblée nationale", lance-t-elle.

Pour l'heure, la candidate, qui exige un recomptage des voix dans sa circonscription, va déposer un recours, et prendre des "vacances" pour oublier peut-être la victoire de son adversaire qu'elle avait qualifié d'"inodore, incolore et sans saveur".

Les militants eux, reportent leurs espoirs sur les deux élus ce soir. "On espère qu'ils pourront nous informer sur ce qui se passe à l'Assemblée", affirme l'un d'eux, avant de quitter les lieux. Mais comme l'avoue un autre "Marion, c'est la nouvelle génération, la relève, mais ça sera toujours Marine dans nos coeurs".

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