Médias : « Chine : la dictature high-tech », un dossier spécial de L’Obs, en kiosque le 12 juillet
170 millions de caméras de surveillance dopées à l’intelligence artificielle, un système de notation des individus : quelles dérives autoritaires quand l’Empire du Milieu rencontre les big data ? L’Obs décrypte cette nouvelle réalité et ses dissidents.
Extrait du dossier « Chine : la dictature high-tech »
La Chine de Xi Jinping s’est engagée dans un ambitieux et inquiétant projet de contrôle social bâti sur les technologies de pointe. Objectif : surveiller et régir la vie de 1,4 milliard de Chinois pour instaurer un totalitarisme sophistiqué. Un « modèle » qui pourrait inspirer d’autres pays.
Les Chinois, qui sont fans de « Black Mirror », vont bientôt se retrouver plongés pour de vrai dans l’univers oppressant de la célèbre série de Netflix. Leurs dirigeants veulent en effet être les premiers au monde à créer un système généralisé de contrôle high-tech capable de régir tous les aspects de la vie d’un milliard et demi de citoyens. Est-ce parce que le régime se sent toujours mal aimé, toujours menacé de possibles révoltes ? Il a beau concentrer entre ses mains tous les pouvoirs – le monopole de la force, l’Etat policier, une économie sous contrôle – et jouir du soutien de l’importante classe moyenne, le pouvoir veut qu’aucun individu, aucun groupe, aucune entreprise, aucun organisme n’échappe à sa surveillance. Rêve néototalitaire d’une société entièrement transparente, « harmonieuse » – comprendre docile – d’où toute possibilité de désobéissance a été éradiquée. Ce rêve, qui était celui de Staline et de Mao et au nom duquel des millions de vies ont été saccagées, Xi Jinping est aujourd’hui en passe de le réaliser. Avec cette différence toutefois qu’il n’a pas eu besoin de mettre le pays à feu et à sang. Il lui a suffi de se doter, à coups d’investissements pharaoniques, d’un formidable dispositif technologique, plus pacifique, plus efficace et surtout tout à fait inédit dans l’histoire des dictatures : l’intelligence artificielle et l’analyse du « big data ».
Baptisé « crédit social », ce système est en phase d’expérimentation dans différentes régions et ne sera appliqué au niveau national qu’en 2020. Le régime disposera alors d’informations ultra-précises issues de toutes les empreintes numériques laissées au fil des activités familiales, scolaires, médicales, juridiques, commerciales, professionnelles, récréationnelles, etc. Leur agrégation permettra de déterminer le degré d’« honnêteté », de « fiabilité », de « sincérité » de l’individu – et par conséquent son degré de dangerosité vis-à-vis de la stabilité sociale. On ne sait pas encore quelle forme prendra l’évaluation (dans certaines villes pilotes, les citadins sont classés en trois catégories : « fiable », « normal », « non fiable ») ni les mesures pratiques qui en découleront.
Retrouvez le dossier dans son intégralité dans L’Obs et sur le site.
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