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Cinéma : "Les Invisibles" un film de Louis-Julien Petit au cinéma le 9 janvier

Suite à une décision municipale, le centre d’accueil pour femmes SDF l’Envol va fermer. Il ne reste que trois mois aux travailleuses sociales pour réinsérer les femmes dont elles s’occupent. Falsifications, pistons, mensonges… Tout est permis ! 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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"Les Invisibles" (JC Lother)

Extrait d'entretien avec Audrey Lamy*

Pourquoi avez-vous eu envie de faire ce film ?

Tout d’abord, il y avait le sujet, passionnant : cette réalité sociale qu’on ne veut pas voir – les SDF – et ceux qui les aident, les travailleuses sociales, insuffisamment valorisées par notre société. Ensuite le ton, incroyable de vérité, mais qui faisait toute de même la part belle à la gaité et à l’humour. Quand je suis arrivée à la fin du scénario, j’étais tellement bouleversée que j’ai appelé Louis-Julien dans les dix secondes pour lui donner mon accord.

Vous êtes plutôt cataloguée « actrice de comédies ». Avez-vous été surprise que Louis-Julien Petit pense à vous pour un rôle de travailleuse sociale ?

Touchée, surtout. C’était une belle marque de confiance de la part de Louis-Julien, et elle tombait à pic car je venais de quitter Scènes de ménages et Ma reum : j’avais justement envie d’aller vers des rôles plus dramatiques. J’étais d’autant plus contente que je savais que j’allais me confronter à une nouvelle méthode de travail.

Vous êtes vous préparée à être Audrey ? Si oui, comment ?

Télévision ou cinéma, je ne me présente jamais sur un tournage les mains dans les poches : je réfléchis au rôle et parfois, quand je me sens fragile, je pousse le bouchon jusqu’à apprendre mon texte à la virgule près. Ça a été le cas pour Audrey. J’ai pris une coach et j’ai bossé pendant deux mois… Mais juste avant la première scène, Louis-Julien m’a annoncé qu’il ne voulait rien garder des dialogues. J’ai halluciné, d’autant que ces derniers étaient super bien écrits ! Il n’en a pas démordu. « Question de sincérité » ! Je n’en menais pas large. Sans texte, on n’a plus de balise, plus de béquille de jeu, on sort des rails, on est à poil ! Peu de temps avant le tournage, Louis-Julien m’a emmenée dans un centre d’accueil près de Grenoble, pour que je vois comment cela se passe vraiment. Je flippais un peu : ces femmes auraient-elles envie de me parler, de partager une journée avec moi ? Quel serait mon ressenti, moi qui n’ai jamais connu leurs problèmes ? Tout s’est formidablement bien passé. Notre connivence a été immédiate. Nous sommes allées faire des courses avec les bénévoles, j’ai aidé à faire la cuisine, et tout le monde s’est attablé … Au cours de ce moment de convivialité très intense, je me suis rendue compte que ces femmes étaient dans la tonalité du film. Elles ont de l’énergie, la volonté de s’en sortir, de l’humour aussi et un grand sens de l’autodérision. Quant aux travailleuses sociales qui les accueillent, représentées dans le film, notamment par mon personnage d’Audrey, ce sont des femmes exceptionnelles de gentillesse et d’écoute, qui poussent parfois leur dévouement jusqu’à oublier leur vie de famille. J’en ai pris de la graine pour mon Audrey ! Etre balancée, comme ça, dans le réel, comme dans un docu… Je ne suis pas prête de l’oublier…(rires).

Les Invisibles (JC Lother)

Sur le plateau, comment avez-vous vécu d’être face à des femmes dont c’était la première expérience de jeu ?

Ça a été génial ! Il n’y a pas eu de différence entre les unes et les autres. Sur le plan de l’interprétation, ces femmes, qui, dans une certaine mesure, « re-jouaient » leur vie, nous ont estomaquées par leur naturel, leur force, leur investissement, leur patience et leur… ponctualité. En les choisissant, Louis-Julien ne s’était pas trompé. Nous, les « pros », on a dû mettre les bouchées doubles pour se hisser à leur niveau.

Les Invisibles (JC Lother)

A votre avis, àquoi peut servir Les Invisibles ?

J’espère qu’il va faire évoluer les mentalités. Il rappelle que la désocialisation peut toucher tout le monde et qu’on peut s’en sortir. S’il pouvait donner lieu à des discussions, à des débats, à des prises de consciences, ce serait déjà formidable. Je suis heureuse de voir que partout où Les Invisibles a été projeté en avant-première, il a provoqué l’enthousiasme. C’est un film qu’on regarde entre rire et larmes, dans un grand huit des sentiments.

*Entretien extrait du dossier de presse Les Invisibles

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