Cinéma : « Le dossier Mona Lina », un film d’espionnage au féminin de Eran Riklis, au cinéma le 4 juillet
Mona, libanaise, est soupçonnée par le Hezbollah d’être une informatrice des services secrets israéliens. Craignant qu’elle soit démasquée, le Mossad l’exfiltre vers l’Allemagne et lui fait changer de visage. Naomi, agent du Mossad, est chargée de la protéger. Mais la planque ne s’avèr pas aussi sûre que prévue...
Entretien avec Eran Riklis
Comment est né ce projet ?
Il y a très longtemps, à la fin des années 1980, j’ai découvert un recueil de nouvelles écrit par un ancien agent du Mossad, Tal Yaari. Je suis tombé amoureux de la première nouvelle, « The Link - Le Lien », en me disant qu’elle ferait un film formidable. Quelques mois plus tard, j’ai appris que Yaari n’existait pas. En fait les nouvelles avaient été écrites par la célèbre romancière Shulamith Hareven sous un nom d’emprunt car elle n’était pas associée à l’univers du polar. Absorbé par d’autres projets, j’ai peu à peu oublié la nouvelle et le film qu’elle m’inspirait. En 2011, peu avant la sortie de mon film "Le voyage du directeur des ressources humaines", le supplément littéraire du journal Haaretz m’a demandé si j’acceptais d’être photographié chez moi, devant ma bibliothèque. Mes livres étaient dans un désordre pas possible, j’ai dû faire un peu de rangement, et je suis retombé sur le recueil. J’ai appelé Alouph, le mari de Shulamith (qui malheureusement était décédée depuis), et j’ai rapidement acquis les droits du livre.
Êtes-vous resté fidèle à la nouvelle ?
Je dirais que je suis resté fidèle à son essence. Deux femmes dans une planque, une menace qui rôde à l’extérieur. Une fois assis devant mon ordinateur, j’ai dû creuser l’histoire, voir quels éléments étaient facilement transposables à l’écran, et quels autres l’étaient moins. Je me suis senti en territoire familier, comme dans LES CITRONNIERS, mais avec du suspense en plus, à la manière d’un roman de John Le Carré. Le défi était de trouver le bon équilibre entre ces éléments, d’arriver à révéler l’intrigue petit à petit tout en préservant le côté « thriller » du film. Le plus important pour moi était de ne pas trahir les héroïnes imaginées par Shulamith et je pense que c’est le cas, même si je les ai légèrement modifiées - en particulier Naomi, l’agent du Mossad.
Quels problèmes avez-vous rencontrés pour faire le film ?
En plus des complications habituelles qui sont le lot de tous les réalisateurs, le défi principal était de faire coexister l’histoire intime des deux héroïnes et l’intrigue plus générale du film et ses éventuelles répercussions sur les personnages. Nous étions pris entre deux extrêmes du point de vue du ton, de la couleur, de l’émotion, de ce que nous avons choisi de révéler au spectateur et de ce qu’il doit comprendre par lui-même. Cette opposition était perceptible à toutes les étapes du projet, que ce soit durant l’écriture, la réalisation, le montage et jusqu’aux dernières touches du film. Je voulais faire un polar accessible au plus grand nombre mais aussi explorer les aspects les plus sensibles de mes personnages, le tout ancré dans la complexité et la richesse du Moyen-Orient.
Un mot sur vos deux actrices ?
Elles sont très différentes - comme leurs rôles l’imposaient - et elles avaient toutes les deux des idées très précises quant à leur jeu et leurs personnages. Golshifteh véhicule un passé, une douleur, beaucoup de zones à explorer, sur lesquelles s’appuyer. Elle a une intuition incroyable, et, en même temps, une naïveté (mais est-elle vraiment naïve ?), une fraîcheur, bref des qualités parfaites pour interpréter MONA. Neta est quelqu’un qu’il faut observer très longtemps pour pouvoir entrer dans sa tête, comprendre sa façon de penser, ce qui m’a semblé tout indiqué pour le rôle de NAOMI.
Plus d’informations sur le site de Pyramide Distribution.
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