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Cinéma : « Blanche comme neige » d’Anne Fontaine, en salles le 10 avril

Claire, jeune femme d’une grande beauté, suscite la jalousie de sa belle-mère, qui va jusqu’à préméditer son meurtre. Sauvée par un homme mystérieux qui la recueille dans sa ferme, Claire décide de rester dans ce village et va éveiller l’émoi de ses habitants... Pour elle, c’est le début d’une émancipation radicale, à la fois charnelle et sentimentale.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
© 2018 Mandarin Production - Gaumont / Emmanuelle JACOBSON-ROQUES (© 2018 Mandarin Production - Gaumont / Emmanuelle JACOBSON-ROQUES)

Extrait de l’entretien avec Anne Fontaine, réalisatrice*

D’où est née l’idée du film ?

Je venais de réaliser deux films plutôt sombres (« Les Innocentes » et « Marvin »). J’ai eu envie de créer un personnage féminin qui s’émancipe et aborde la sensualité sans notion moralisatrice ou mortifère. Une fille libre d’envisager des relations différentes, partageuse, avec un goût, un désir et un appétit emplis de joie de vivre et dont la gaité et l’humour seraient communicatifs. Il y a longtemps que cette fille me trottait dans la tête. Assez vite, je me suis amusée avec le chiffre 7. Au fur et à mesure de sa libération, mon héroïne allait rencontrer 7 hommes différents donnant matière à 7 portraits et avec lesquels elle vivrait 7 histoires distinctes. 7 semblait un bon chiffre.  

 7 comme le nombre de nains du conte des Frères Grimm …

Les réflexions autour des rencontres avec ces hommes m’ont rapidement menée au conte. Il y avait quelque chose de jubilatoire à mêler la trajectoire de cette jeune femme moderne aux codes d’un récit qui fait partie de l’imaginaire collectif et auquel on peut facilement s’identifier. C’était la promesse d’une comédie originale. Une « Blanche-Neige » rock’n’roll, ancrée dans un monde réel, mais déconnectée du naturalisme. Très loin de la femme sacrifiée qui fait le ménage, la cuisine et se retrouve totalement aliénée par les nains.

© 2018 Mandarin Production - Gaumont / Emmanuelle JACOBSON-ROQUES (© 2018 Mandarin Production - Gaumont / Emmanuelle JACOBSON-ROQUES)

Pourquoi avoir choisi de construire le film en trois chapitres ?

Tout le monde connaît l’histoire de Blanche-Neige. En « cassant » la construction par l’introduction de chapitres, on s’échappe du récit attendu, on introduit une tension différente entre les parcours de Claire (Lou de Laâge) et de Maud (Isabelle Huppert), avant de les réunir dans le dernier chapitre. Et c’était aussi une manière de revisiter les deux archétypes (Blanche-Neige et la Reine ). Comme souvent, mais peut-être encore davantage pour ce film-ci, l’écriture a été un moment délicat. C’est la première fois que je construis un film de cette façon et nous faisions face à trois difficultés : comment infiltrer la structure du conte et celle de la rencontre avec tous ces hommes ? Quelle marge de progression donner au personnage de la belle-mère ? Le conte nous guidait mais, en réalité, tous les protagonistes restaient à inventer.

Vous détournez les codes du conte, les complexifiez et les semez de telle façon que le spectateur se trouve entrainé dans une direction aussi joyeuse  que subversive …

Les pommes rouges, la forêt, les animaux, sont effectivement conçus comme autant de points d’attache qui amusent le spectateur et le plongent, je l’espère, dans une complicité immédiate.

© 2018 Mandarin Production - Gaumont / Emmanuelle JACOBSON-ROQUES (© 2018 Mandarin Production - Gaumont / Emmanuelle JACOBSON-ROQUES)

Une complicité qui vous permet de bruler les étapes : après un enlèvement et une tentative d’assassinat express, l’héroïne est immédiatement propulsée dans la forêt.

Je voulais qu’on se sente chahuté. À partir du moment où l’on voit Isabelle Huppert réclamer des pommes « Pink Lady » et s’observer dans le miroir de l’hôtel, on se doute que quelque chose de maléfique va se produire. Et on y revient dans le chapitre suivant.  

 *Entretien issu du dossier de presse  

Plus d’informations sur le site de Gaumont 

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