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Vol AF447: "l'avion n'a pas été détruit en vol"

"L'avion a touché l'eau avec le dessous du fuselage", a expliqué jeudi le Bureau enquête accident (BEA)
Article rédigé par France2.fr
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Récupération par la marine brésilienne d'un morceau de l'Airbus d'Air France (© AFP PHOTO BRAZILIAN NAVY/HO)

"L'avion a touché l'eau avec le dessous du fuselage", a expliqué jeudi le Bureau enquête accident (BEA)"L'avion a touché l'eau avec le dessous du fuselage", a expliqué jeudi le Bureau enquête accident (BEA)

Il "est arrivé entier au moment de l'impact" et n'a donc pas explosé, a expliqué Alain Bouillard, le responsable des enquêteurs qui présentait son 1er rapport sur l'accident de l'Airbus A330 d'Air France.

L'avion, qui assurait la liaison Rio-Paris, s'est abîmé en mer dans l'Atlantique le 1er juin, avec 228 personnes à bord.

"Il paraît avoir heurté la surface de l'eau en ligne de vol avec une forte accélération verticale", selon les premières conclusions du BEA. "Une accélération verticale destructrice", commente Libération.

Les sondes Pitot sont "un élément mais pas la cause" de l'accident, a déclaré le responsable du BEA. "Dans un puzzle tel qu'est une enquête accident, nous avons très peu d'éléments pour reconstituer le puzzle", a-t-il ajouté. Son équipe ne peut guère progresser faute de disposer des boîtes noires, a-t-il dit. "Les informations recueillies par le BEA semblent toutes pointer vers un scénario potentiel: celui d'une série de pannes qui aurait fait perdre le contrôle de l'avion à son pilote", analyse Libération.

Au total, en plus des 51 corps, 640 éléments de l'appareil ont été récupérés provenant "de l'ensemble des zones de l'avion" - une porte de toilette, des racks à bagages ou des morceaux de sièges, entre autres. "Aucun gilet n'a été retrouvé gonflé", a précisé le chef des enquêteurs pour qui cela signifie que les "passagers n'ont pas été préparés à un amerrissage".

Le BEA regrette par ailleurs ne pas avoir eu accès aux résultats des autopsies pratiquées au Brésil sur les 51 corps repêchés. "On a présenté des demandes pour les obtenir", a-t-il dit. "Les autopsies nous apporteraient des informations", a-t-il souligné. "Nous n'avons reçu aucune demande de l'ambassade [de France] ou de quelqu'un en France. S'il n'y a pas de demande, il est évident qu'ils ne vont pas recevoir ce qu'ils n'ont pas demandé", a rétorqué un porte-parole de la police brésilienne.

Les recherches se poursuivront au-delà du 10 juillet, date initialement prévue de la fin des opérations, a indiqué vendredi le secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau.

Sondes Pitot: quelle responsabilité ?

"Les sondes sont le premier maillon de la chaîne" dite "anométrique" (surveillance de la vitesse), a expliqué Alain Bouillard. Ces équipements, qui ont livré des mesures incohérentes dans le cas de l'Airbus A330 d'Air France, permettent aux pilotes de contrôler la vitesse de leur appareil, un élément crucial pour son équilibre en vol.

Les sondes Pitot sont "quelque chose qui est fortement soupçonné dans les incohérences de vitesse", c'est "un des facteurs mais ce n'est pas le seul", "c'est un élément mais ce n'est pas la cause", a commenté le responsable. Dès le début de l'enquête, le BEA avait relevé des "incohérences" des vitesses mesurées, affirmant toutefois que rien ne permettait de lier les causes de l'accident aux mesureurs de vitesse.

Les sondes Pitot, fabriquées par Thales, avaient été mises en cause par deux syndicats de pilotes peu après l'accident. La compagnie a connu au total neuf incidents de givrage des sondes Pitot de mesure de vitesse entre mai 2008 et mars 2009, dont huit sur des avions long-courrier A340 et un sur un A330, selon une note interne diffusée le 18 juin aux pilotes.

De son côté, l'Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) avait indiqué à la mi-juin qu'elle ne disposait pas, à ce jour, d'éléments suffisants pour exiger le remplacement général des sondes Pitot. Elle laissait néanmoins "la porte ouverte" à une telle mesure. Sans attendre la décision finale de l'AESA, Air France a remplacé le 12 juin l'intégralité des sondes Pitot sur ses A330 et A340 par des modèles de nouvelle génération, censés mieux résister au givrage.

En septembre 2007, Airbus avait recommandé aux compagnies le remplacement des anciennes sondes par les nouvelles, plus performantes, sur les A320 et les A330-A340. Mais sans que cela ne revête un caractère obligatoire.

Manque de coordination
Aucun message de détresse n'a été envoyé et aucun problème n'a été signalé par l'équipage. Pour autant, le BEA a annoncé avoir relevé une défaillance de communication entre les centres de contrôle aériens brésilien et sénégalais en charge de l'appareil d'Air France. Cette défaillance a certainement retardé le déclenchement des recherches, ont-ils dit, estimant ce retard à une heure ou deux.

Lorsque l'A330 a quitté la zone aérienne contrôlée par les Brésiliens, ces derniers auraient dû appeler par téléphone les Sénégalais pour leur confier l'appareil qui entrait dans leur zone, mais cela n'a pas été fait, selon le Bureau enquête accidents. L'avion aurait dû être contacté par les Sénégalais, ce qui n'a pas eu lieu, selon la même source.

Contredisant le BEA, l'armée de l'air brésilienne a assuré jeudi qu'elle avait passé au contrôle aérien du Sénégal le vol AF 447 d'Air France. Le colonel Munhoz a expliqué qu'"il existe un accord opérationnel" entre le Brésil et le Sénégal prévoyant que "si Dakar ne prévient pas que l'avion n'est pas entré (dans son espace aérien), on estime que l'avion y est entré".

Selon le BEA, "à 02h01 temps universel, l'équipage de l'A330 a essayé, sans succès pour la troisième fois, de se connecter au système du contrôle de Dakar". L'appareil est tombé dans la mer peu après, le dernier message ACAR (informant d'une panne) datant de 02h14. "L'AF447 n'était pas le seul vol à ne pas pouvoir contacter le centre de contrôle de Dakar. C'est une situation pas unique dans cette zone", ajoute le Bureau.

Les recherches
A ce jour, 51 corps ont été repêchés ainsi que 600 débris de l'Airbus A330-200 qui s'est abîmé en mer le 1er juin entre Rio et Paris avec 228 personnes à bord.

Le Brésil a arrêté les recherches. De leur côté, les bâtiments français restent sur zone pour tenter de retrouver les boîtes noires, qui émettent pendant environ un mois. Celles-ci n'ont toujours pas été localisées malgré d'importants moyens mis en oeuvre. Les recherches, qui devaient s'arrêter le 10 juillet,
continueront après cette date, a indiqué vendredi le secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau. Si les moyens acoustiques échouent, on aura recours aux moyens sous-marins, a-t-il assuré.

La France a mobilisé, pour la première fois dans ce type d'opérations un sous-marin nucléaire d'attaque (SNA), l'Emeraude, deux remorqueurs de haute mer tirant des sonars au fond de l'eau, et le navire d'exploration sous-marine "Pourquoi pas", équipé du sous-marin Nautile et d'un robot.

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