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Vente du téléphone rouge d'Adolf Hitler : "La place de ces objets n'est pas chez des collectionneurs privés"

Estimé entre 188 000 et 282 000 euros, le téléphone d'Adolf Hitler est mis aux enchères dimanche. Mais cette vente ne fait pas l'unanimité. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le téléphone d'Adolf Hitler, qui a été retrouvé dans son bunker a été vendu aux enchères, dimanche 19 février 2017, pour 243 000 dollars, par la maison Alexander Historical Auctions.  (ALEXANDER HISTORICAL AUCTIONS / AFP)

Le téléphone rouge d'Adolf Hitler devait être mis aux enchères dimanche 19 février aux États-Unis, selon la maison qui organise la vente, Alexander Historical Auctions

Cette vente ne fait pas l'unanimité. Johann Chapoutot, historien spécialiste du régime nazi, estime que "la place de ces objets n'est pas chez des collectionneurs privés" mais dans un musée. Selon lui, le téléphone rouge d'Hitler, dont il se servait pour distiller ses consignes, pourrait illustrer "le caractère oral du fonctionnement du régime" et son utilisation "des derniers moyens de la technologies" alors qu'il "prétendait ressusciter une germanité originelle".

franceinfo : Où est la place d'un tel objet ?

Johann Chapoutot : La place de ces objets n'est pas chez des collectionneurs privés mais dans des collections de musées qui ont un projet scientifique. Chez un collectionneur privé, je vois mal ce qui peut motiver l'achat de tels objets dans la mesure où cela me semble relever d'un fétichisme assez morbide, voire pathologique, lié au caractère criminel de la personne auquel cet objet a appartenu.

franceinfo : Est-ce la première fois que ce genre de vente fait polémique ?

Il y a quelques années il y avait eu un débat sur les aquarelles d'Hitler qui avaient été mises aux enchères. Cette vente avait soulevé une indignation assez légitime car on rabattait l'image d'un dictateur sanguinaire et d'un criminel contre l'humanité, à celle de l'artiste qu'il avait voulu être. Mais l'objet était intéressant dans la mesure où Hitler se concevait lui-même comme un architecte, comme un artiste de la politique. Dans cette mesure, les objets ayant appartenus ou ayant été produits par des dictateurs peuvent être intéressants s'ils ont une signification historique.

franceinfo : Des mesures existent-elles face à la diffusion de ces objets ?

À ma connaissance, il n'en n'existe pas. Nous vivons dans un monde de libre circulation des objets. Il n'y a pas d'exception liée aux périodes les plus criminelles de l'Histoire.

franceinfo : Contrairement à ce téléphone, tout le monde peut acheter le livre écrit par Hitler, Mein Kampf. A-t-il beaucoup de succès ?

Les derniers chiffres sont de 85 000 exemplaires vendus en Allemagne. J'étais plutôt réservé à l'idée d'une édition scientifique sous la forme d'un livre. Recréer une forme de livre était selon moi poursuivre la vie et l'aventure de ce livre créé par Hitler pour être la bible du nazisme. Créer une survie de l'objet peut bien sûr intéresser enseignants et chercheurs, mais aussi des amateurs peu éclairés ou aux motivations plus obscures.

"Il y aurait des choses à montrer à travers cet objet" - Johann Chapoutot, à franceinfo

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