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Vidéo "Nous avions un statut et nous n'avons plus rien" : au Venezuela, la "survie" avec un dollar par mois

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Article rédigé par Benjamin Illy - Jérémy Tuil - Édité par Noémie Bonnin
Radio France

Dans un pays qui manque de tout, environ quatre Vénézuéliens sur cinq sont menacés par l'insécurité alimentaire.

Juan Guaido annonce son retour lundi 4 mars au Venezuela. Le président par intérim auto-proclamé demande toujours le départ de Nicolas Maduro car la crise est historique : pénurie de médicaments, de nourriture, hyperinflation, la vie devient impossible pour la grande majorité des Vénézuéliens. "Pour me nourrir, je compte sur mes filles, qui ont plus de revenu que moi, elles m'achètent de la nourriture", confie par exemple Doris, 76 ans, ancienne avocate.

Environ 80% des habitants sont menacés par l'insécurité alimentaire, selon une étude menée récemment par trois universités du pays. Même dans les quartiers riches de Caracas, personne n'est épargné. Dans l'épicerie à côté de chez elle, Doris constate les prix extravaguants : 2 800 bolivars pour une simple pomme de terre, une fortune pour la vieille dame.

Ils ont dégradé la vie des Vénézuéliens au niveau ultime, une vie sans eau, vous imaginez ? C'est quelque chose d'élémentaire dans la vie d'un être humain.

Doris

à franceinfo

Avant la crise, quand elle était en activité, Doris pouvait toucher jusqu'à 1 000 dollars par mois. Maintenant qu'elle est retraitée, elle a basculé dans la pauvreté. Elle touche une pension d'un peu plus de 3 000 bolivars, l'équivalent d'un dollar. Cette femme reçoit bien une aide du gouvernement : un peu de riz, de farine de maïs, du lait en poudre, des pâtes, du sucre, "un sac tous les quatre mois", mais elle compte les jours.

À la pharmacie, il n'y a plus rien, les rayons sont vides. Comment faire sans médicaments ? "Je survis. C'est pour ça qu'il y a des gens qui meurent ici." Doris vit à Altamira, les beaux quartiers de Caracas. Elle est propriétaire d'un appartement, c'est tout ce qui lui reste. C'est un appartement en bon état, à première vue, mais c'est en réalité une coquille vide. "Il n'y a pas d'eau, ici", rien ne sort quand on ouvre le robinet. "Parfois ça dure quatre jours", confie Doris.

La retraite, c'est la misère. C'est une honte, une offense.

Doris

à franceinfo

Au niveau de l'électricité, "ça va et ça vient, on a la lumière et parfois plus. C'est une vie catastrophique !" L'ampoule a grillé, impossible de la changer, c'est très difficile d'en trouver. "Quand il y a en a, c'est hors de prix, près de 20 000 bolivars", dit-elle. C'est plus que le salaire minimum au Venezuela. Doris n'espère qu'une chose : que Nicolas Maduro s'en aille.

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