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Attaque contre la Cour suprême et le ministère de l'Intérieur au Venezuela : "On ne voit pas les signes" d'un putsch

Après l'attaque contre le siège de la Cour suprême et le ministère de l'Intérieur, à Caracas, Christophe Ventura, chercheur à l’IRIS et spécialiste de l’Amérique latine a fait le point mercredi sur la situation au Venezuela.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un député venezuelien s'en prend à la garde nationale, à Caracas, le 27 juin 2017.  (SOCIAL MEDIA / REUTERS)

Un hélicoptère de la police vénézuelienne a lancé, mardi 27 juin, des grenades à Caracas, contre le siège de la Cour suprême, et ouvert le feu contre le ministère de l'Intérieur. Le président Nicolas Maduro dénonce une "attaque terroriste". Le dirigeant est confronté depuis trois mois à une vague de manifestations pour exiger son départ. Les affrontements ont fait 76 morts depuis le 1er avril.

Christophe Ventura, chercheur à l’IRIS et spécialiste de l’Amérique latine, a appelé, mercredi 28 juin, sur franceinfo à dédramatiser les événements de la veille : pour le chercheur, il ne s'agit pas d'un putsch : "On ne sent pas pour l'instant quelque chose qui est en train de s'embraser ou de modifier structurellement la situation sur place."

franceinfo : Comment qualifier l'événement de mardi 27 juin ?

Christophe Ventura : C'est difficile pour l'instant de le qualifier. Je crois qu'il faut rester prudent sur cet événement fort spectaculaire. À cette heure, rien n'indique que l'opération allait au-delà de ceux qui l'ont commise. L'armée reste tout à fait calme au Venezuela aujourd'hui. On ne peut pas dire que l'événement soit particulièrement repris ou salué, ou même dénoncé d'ailleurs par l'opposition. Il y a plutôt une sorte de relativisation de ce qu'il s'est passé hier [mardi 27 juin]. On ne sent pas pour l'instant quelque chose qui est en train de s'embraser ou de modifier structurellement la situation sur place.

Il n'y a donc pas eu de putsch organisé ? La police ou l'armée peuvent-elles se retourner à terme contre le pouvoir en place ?

Aujourd'hui, on en voit pas les signes. Il y a plutôt une fidélité des corps militaires et policiers à l'État vénézuelien, qui est pour l'instant beaucoup plus évidente à analyser, que comprendre réellement le sens de ce qu'il s'est passé mardi avec l'acte de Monsieur [Oscar] Perez.

Le Venezuela est secoué par une crise institutionnelle profonde : y a-t-il un risque d'embrasement à terme ?

Je crois qu'en réalité, pour tenter de comprendre, il faut se projeter même au-delà des trois derniers mois qui, finalement, sont la dernière phase d'un processus qui a démarré depuis 2013, depuis l'élection même de Monsieur Maduro. L'élection de Monsieur Maduro en 2013 est le point de départ de la situation, qui n'a fait qu'augmenter l'intensité du conflit. Le premier problème, c'est que Monsieur Maduro n'avait pas été reconnu par l'opposition. Et depuis, on assiste par phase à des scènes d'intensification des violences et des rapports de force entre l'opposition et le pouvoir. Là on est dans un cycle qui dure depuis trois mois et on ne voit pas aujourd'hui de solution bien évidente pour sortir de ce blocage entre l'opposition et le gouvernement.

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