40 ans, minceet photogénique, Henrique Capriles est l'image de la réussite. Lorsque cetavocat se lance en politique, au centre-gauche, c'est pour tout emporter. Elu maire, député et gouverneur, il vise maintenant la présidence du Venezuela. Il a déjà réussi à prendre la tête d'une opposition quin'a jamais été autant en mesure de déstabiliser l'animal politique Hugo Chavez, au pouvoir depuis 1999.A tel point que les analystes parlent d'un véritable "espoir" pour leVenezuela.Ce catholique, petit-fils d'immigrésjuifs européens rescapés de l'holocauste nazi, fait de la foi le pilier centralde son engagement dans le combat politique. Accusé den'avoir pas réagi face à une attaque de l'ambassade de Cuba lors d'unetentative de coup d'Etat contre Hugo Chavez, en avril 2002, il est condamné. Ilne cherche pas à fuir et purge sa peine de prison. Il en tire un mantra : " Quandtu passes par la prison, il y a deux chemins: ou tu t'éloignes de tout ce quefait ta foi, la partie chrétienne, ou tu t'en rapproches. Je m'en suisrapproché " , confie Henrique Capriles.Campagne marathon à travers tout le paysEt sur le terrain, ilendosse le costume du pèlerin des temps modernes. Casquette aux couleurs du Venezuelavissée sur la tête, chaussures de footing aux pieds, "el flaquito"(le maigre) comme l'ont surnommé les Vénézuéliens, avale les kilomètres au gréd'une campagne marathon ("Hay un camino " :* " Il y a une route " , * titre son site de campagne) dans plusieurs centaines de villages du pays. Commegouverneur, il s'était principalement consacré à l'éducation, à réhabiliter deslogements insalubres et à faciliter l'accès à la santé. Le candidat à laprésidence fait cette fois davantage l'éloge de l'initiative privée tout en assurant quela première priorité de l'Etat doit être la politique sociale. "Chavez représente le chemin du socialisme. Un Etat qui veut être maître de tout. Je représente le chemin du progrès" (Henrique Capriles)L'opposant a jouéfinement. Pour ne pas s'aliéner les classes populaires, Henrique Capriles n'apas affronté directement Hugo Chavez. Il n'a pas non plus joué sur la faiblesse physique du président, convalescent d'un cancer du foie. Caprilesn'évoque d'ailleurs jamais l'état de santé de son adversaire. Il se contente juste demarquer leur différence : "Chavez représente le chemin du socialisme. UnEtat qui veut être maître de tout. Je représente le chemin du progrès" ,affirme Henrique Capriles, qui souhaite " appliquer au Venezuela le modèlebrésilien " où l'Etat et le secteur privé "combinent leursefforts" .Hugo Chavez en revanche,sentant la menace, n'a pas eu les mêmes scrupules. Les adjectifs peu amènes ontfleuri au fil de la campagne. " Nul " , " médiocre " , puis" lèche-cul " de l'impérialisme, le président a ensuite qualifié HenriqueCapriles de " candidat de l'étranger " , " candidat anti-patrie *" et enfin " candidat apatride " . Le glissement sémantique en référenceaux origines juives de Capriles (le "juif errant"), annonce laviolence qui va suivre. Hugo Chavez ira même jusqu'à qualifier son adversaire de " porc " .Ouvrant la voie à une violente campagne antisémite contre Hugo Capriles. Jeudi soir la campagne apris fin, lors d'un meeting électrique à Caracas pour Hugo Chavez, et d'une dernièrevirée en province pour Henrique Capriles. Dimanche près de 19 millions de Vénézuéliensdevront faire leur choix. Hugo Chavez reste favori dansles sondages, bénéficiant, selon les dernières enquêtes, d'une dizaine depoints d'avance sur son challenger.