Présidentielle : l'église Saint-Merry à Paris s'engage contre le FN, sans état d'âme
Le pape François ne s'est pas prononcé sur l'élection présidentielle française, ce qui n'empêche pas des paroisses de prendre position. C'est le cas de l'équipe pastorale de Saint-Merry à Paris sur le parvis à l'heure de la messe dimanche.
Le pape François s'est refusé samedi à donner des conseils aux électeurs appelés à voter en France, le 7 mai, pour le second tour de la présidentielle. Cette attitude prudente n'empêche pas des paroisses de prendre position. C'est le cas de l'équipe pastorale de Saint-Merry à Paris sur le parvis à l'heure de la messe dimanche 30 avril, dans le 4e arrondissement.
Une position collégiale
Alors que les chants liturgiques résonnent dans l'église, des tracts sont distribués à l’extérieur de l’édifice. Les écrits, signés du centre pastorale de Saint Merry mentionnent un engagement pour la présidentielle : "Nous sommes catholiques et au second tour nous voterons Macron". Daniel Duigou, l'un des curés de la paroisse, estime que "la situation est suffisamment grave". Il engage les chrétiens à parler.
Pour nous, le vote du Front national, c'est le vote du mensonge, de l'exclusion, du repli identitaire.
Daniel Duigou, prêtre à la paroisse Saint-Merry
Daniel Duigou précise que cette position n'est pas une consigne de vote. Elle a été débattue et soumise au vote de l'équipe pastorale. Le choix semble plutôt en accord avec la façon de penser de ces fidèles rencontrés dans la paroisse dimanche matin. Pour Catherine, "on risque très gros dans une semaine". Nicolas ajoute que "les valeurs portées par le Front national sont tout à fait incompatibles avec le message de l'Évangile".
La liberté de parole revendiquée
Si les paroissiens ne sont pas surpris c'est qu'ils fréquentent une église à part. Elle est ouverte aux homosexuels, accueille des migrants et des sans-abris. Daniel Duigou, le curé, revendique un engagement politique. "Saint Merry est né il y a quarante ans dans le courant mai 1968. C'était donner mandat à l'église d'inventer une autre manière de faire Église. Pour nous, c'est de s'impliquer dans l'actualité et d'être dans l'actualité", explique-t-il. Le simple fait de poser la question de l'opportunité d'une position politique fait bondir Danièle, une paroissienne très active. "C'est le rôle de tout le monde", réplique-t-elle.
L'Église est citoyenne, elle est là pour l'ouvrir. Jésus-Christ nous apporté la liberté, c'est pour nous en servir.
Danièle, paroissienne à Saint-Merry
L'indécision du pape François a-t-elle déçu ces paroissiens ? "C'est tout à fait normal qu'il ne prenne pas position sur les élections d'un pays propre. Il en a dit assez pour qu'on sache comment s'y retrouver", explique une fidèle. Une autre paroissienne, Anne, dit avoir lu entre les lignes des déclarations du pape, des consignes très claires. "On sait qu'il est du côté des migrants, de la fraternité. On sait qu'il n'est pas du côté du racisme de la famille Le Pen", déclare-t-elle.
La campagne contre le FN de Saint-Merry n'a pas échappé en tout cas aux équipes d'Emmanuel Macron. Deux militants d'En Marche !, se disant catholiques pratiquants, étaient postés ce matin devant l'église.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.