Les propos du pape sur l'avortement sont "extrêmement injurieux vis-à-vis des femmes et des soignants" selon le Planning familial
Danielle Gaudry, gynécologue obstétricienne à la retraite et ancienne responsable de la commission avortement du Planning familial condamne mercredi les propos du pape François comparant l'avortement au recours à un "tueur à gages".
Les propos du pape sur l'avortement sont "extrêmement injurieux vis-à-vis des femmes et des soignants qui les accompagnent lors d'une IVG" a affirmé mercredi 10 octobre sur franceinfo Danielle Gaudry, gynécologue obstétricienne à la retraite et ancienne responsable de la commission avortement du Planning familial. Lors de son audience générale hebdomadaire place Saint-Pierre, le chef de l'Église catholique a dénoncé devant des dizaines de milliers de fidèles les lois qui autorisent "la suppression d'une vie humaine au nom de la sauvegarde d'autres droits", comparant l'avortement au recours à un "tueur à gages".
Pour Danielle Gaudry, ces propos ne sont "pas innocents et maltraitent une partie de la population mondiale". François "fait fi de toutes les recommandations faites par l'OMS", estime la membre du Planning familial.
franceinfo : Vous êtes-vous sentie visée par les propos du pape ?
Danielle Faudry : Ce n'est pas très nouveau cette comparaison de la part de l'Église catholique. Le pape s'est démasqué par ces propos. Ce sont des propos extrêmement injurieux vis-à-vis des femmes et des soignants qui les accompagnent lors d'une IVG. Pour nous, clairement, c'est une violence d'imposer à une femme la poursuite d'une grossesse, quelles que soient les raisons pour lesquelles cette femme interrompt cette grossesse. Cette incompréhension dure depuis fort longtemps. Et nous voyons très bien comment ces propos peuvent soutenir la poussée en Europe des anti-choix. Il y a des projets, comme en Pologne, pour interdire l'interruption volontaire de grossesse, même lorsqu'il y a une anomalie fœtale. Ces propos ne sont pas innocents, mais qui, là, maltraitent une partie de la population mondiale.
Est-ce que ces propos sont plus décevants de la part de François que de ses prédécesseurs ?
J'avoue ne pas avoir eu beaucoup d'illusions sur le fait que le pape François soit progressiste. Mais je reconnais que sur certains sujets il a fait quelques ouvertures. Mais sur celui-là, il va beaucoup plus loin que certains de ces prédécesseurs. Il fait fi de toutes les recommandations faites par l'Organisation mondiale de la santé. Il se place au-dessus de ce que décrètent les responsables médicaux au niveau de la santé mondiale.
Est-ce que cela peut poser problème à un gynécologue de confession catholique d'entendre cela ?
Cela peut heurter certaines consciences. C'est un thème qui est discuté avec certains représentants religieux. Ce sont des thèmes de société, d'éthique importants. Et le respect de la dignité des femmes est un des thèmes importants de certaines religions. C'est un débat qui peut avoir lieu et qui doit avoir lieu.
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